Dominique A, artiste phare
Magistral, magnifique, admirable : chacun de ses qualificatifs a déjà été employé pour décrire, à l’occasion, l’une ou l’autre prestation de Dominique A. Cette fois, utilisons-les ensemble pour une seule et même soirée.
Publié le 14-05-2012 à 16h13
:focal(110x85.5:120x75.5)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/SM2JTBGOTRBDJHWSIA4CKCFHAU.gif)
Magistral, magnifique, admirable : chacun de ses qualificatifs a déjà été employé pour décrire, à l’occasion, l’une ou l’autre prestation de Dominique A. Cette fois, utilisons-les ensemble pour une seule et même soirée : celle de vendredi au Cirque royal. Les Nuits Botanique y avaient programmé le chanteur français dans une formule originale, en deux parties. Pour fêter dignement les 20 ans de "La Fossette", son "premier" album, il l’a rejoué dans son intégralité. En trio : Nicolas Méheust est au piano et Thomas Poli à la guitare. Réalisé avec le concours d’un quintette à vent, "Vers les lueurs", son neuvième album studio, a fait l’objet d’une deuxième partie. Invités prestigieux : basson, hautbois, cor anglais, clarinette, flûte et sax.
Dans l’ordre, sans un écart, en moins de 45 minutes, "La Fossette" est passée en revue. En réentendant "Vivement dimanche" jusqu’à "L’écho", en se focalisant sur "Le courage des oiseaux", qui l’a "révélé" en 1992, l’on constate que voilà une écriture qui n’a pas pris une ride. Par contre, la voix du bonhomme a pris de la bouteille, a bonifié avec l’âge.
Avec "Vers les lueurs", Dominique A regarde davantage le monde qui l’entoure. Ce n’est pas pour autant qu’il y pose un regard moins ténébreux. Relevons juste que le quintette à vent donne une amplitude moins obscure aux morceaux. Quand le rock reprend le dessus, les guitares sont affûtées comme sur "En secret", proposé en rappel que clôt "Le métier de faussaire". Dominique A est, lui, on ne peut plus authentique.
Côté Jardin, le menu de la seconde soirée de joyeusetés botaniques était également épicé. Et nous commencions, impatient, à l’étage du Musée. Écrin de choix et vue imprenable pour assister au retour de l’auto-proclamé musical genius Chilly Gonzales en terres bruxelloises. En janvier de cette année, déjà, le Canadien foulait les couloirs des serres et nous avait offert à l’Orangerie une prestation gratinée. Déboulant sur le tapis rouge comme une star du Festival de Cannes, dans son éternel peignoir et chaussé comme à son habitude de confortables pantoufles, notre hôte ironise d’entrée sur le sujet. "Vous avez remarqué comme je viens souvent en Belgique ces temps-ci ? En fait, j’essaie toutes les pièces du bâtiment " Celle de ce vendredi lui sied parfaitement. Puis, la leçon de piano débute. S’il est un musicien de haut vol, l’ami Chilly est aussi - surtout ? - un amuseur public charismatique. Le voilà donc qui blague, saute, enseigne quelques notes aux courageux volontaires, se moque un rien, tchatche mélodie, harmonie, rythme, développe sa vision socio-politique du duel majeur/mineur, martyrise ou caresse les touches noires et blanches, se met debout sur l’instrument, en joue des pieds, déborde et fait rire l’assemblée. Un peu moins de couplets rappés cette fois (à peine quelques "Beans" et "Bongo monologue"), c’est sans doute l’endroit qui veut ça. Mais quelques parenthèses magiques et des applaudissements extatiques.