VO, en français dans le texte

Les Belges du groupe “VO” dévoileront leur élégant 3e album dans l’arène du Cirque, jeudi aux Nuits. Un disque pop, parfois complexe. Des textes mordants sur des mélodies qui prennent leur temps. Entretien.

Nicolas Capart
VO, en français dans le texte
©D.R.

Rencontre avec Boris Point besoin de sous-titres pour lire entre les lignes qu’il y a de la magie dans la partition de VO. A l’aune du troisième grimoire publié par le sextet bruxellois, force est de constater que la bande n’a plus besoin de baguette et semble avoir enfin conjuré le mauvais sort. Car, en définitive, le talent de ces six musiciens aux jolis CV ne date pas des dernières Nuits Bota.

Ce nouveau chapitre s’intitule "On Rapids", et vient compléter la discographie du groupe après les trop méconnus "Pictures" et "Obstacles" (sortis respectivement en 2005 et 2008 chez Matamore). Pour réaliser ce tour, VO a volé jusqu’en Amérique et s’est alloué les services d’un sorcier d’Oncle Sam. S’il est différent de son prédécesseur, ce troisième l’est par sa densité, comme le concède lui-même Boris, leader et chanteur de la troupe. Plus sophistiqué aussi, porté par la richesse d’arrangements classieux et maîtrisés sans jamais virer au baroque. Un opus d’expérimentations aussi, où cordes, percussions et cuivres dévient de leurs courses à l’envi sous le timbre élégant du sieur Gronemberger. Enfin un disque pop, parfois complexe, mais baigné d’une lumière chaude et rassurante. Des textes mordants sur des mélodies qui prennent leur temps. Des rapides doux, amers, rythmiques et harmoniques, où l’on se noie sans se débattre.

En dépit de son minimalisme, la mystérieuse illustration de ce troisième album sied parfaitement à votre univers. Mais que représente-t-elle ?

J’ignore si je peux révéler ces informations (rires) C’est une photo qu’a prise mon frère sur le site du centre météorologique d’Uccle. J’ignore si cela mesure le vent, la pluie ou autre, mais c’est un instrument de l’IRM. On est rapidement tombé d’accord sur le choix de cette pochette. Pour l’autre côté, on a davantage hésité. Mais c’est également une de ses photos qui illustrent l’intérieur. Par contre, très franchement, j’ignore ce qu’elle représente. Je crois vaguement me souvenir que le cliché a été pris au Portugal

Quid de ce titre, “On Rapids”, pour un disque serein et plutôt tranquille ?

Ça s’est décidé juste après l’enregistrement. Cet album est sans doute plus dense que le précédent. Ses compos sont comme teintées de choses que je ressens par rapport à la société actuelle. Et je trouvais que ces deux mots résumaient bien nos vies. "On Rapids", comme sur un canoë qui file à toute allure, mais dont on ne se sait pas vraiment où il va (nous mener) C’est ce que m’inspire ce que je vois autour de moi.

Votre choix s’est arrêté sur John McEntire (Tortoise) pour assurer l’enregistrement et le mixage.

Je lui ai envoyé une maquette de cinq titres il y a deux ans. Sans idée précise en tête, mais avec l’envie de faire les choses un peu différemment cette fois. Dans cette optique, John McEntire était mon premier choix. Même si tout s’était très bien passé avec Charlie Francis (REM, Turin Brakes, NdlR.) pour "Obstacles". Il a répondu très vite, il semblait emballé Puis je l’ai rencontré au Depot, à Louvain, et c’est devenu plus concret. En quelques minutes, l’affaire était signée. C’est drôle, notre histoire est un peu la même que celle des Tropics. Eux avaient sollicité Jon Spencer pour produire leur troisième album, et ils ont scellé leur collaboration avec lui en ce même Depot.

Racontez-nous votre aventure américaine…

Ça a pris une année pour se goupiller. Le temps de coordonner les agendas des membres du groupe et celui de John, particulièrement chargé à l’époque. Pendant ce temps-là, j’ai retravaillé les compos dans mon coin, et on a organisé plusieurs sessions de travail en groupe pour les peaufiner. Puis, en septembre dernier, on est parti un petit mois à Chicago. Niveau budget, c’était un projet faramineux. Mais on a bénéficié d’une aide de la Communauté française et il nous restait un fond de caisse datant du deuxième album. Pour le reste, on a mis la main à la poche. J’avais le sentiment qu’il fallait que les choses se fassent. C’était maintenant ou jamais. Et aucun regret, ce fut une super expérience. Intense, car, en étant 20 jours sur place, les choses ne devaient pas traîner. John nous a accueillis dans son studio de malade, une vraie caverne d’Ali Baba pour nous. Il nous a laissé jouer avec tout ce qu’on voulait, on a tout essayé Je savais assez précisément ce que je voulais. Et John s’est vraiment mis au service de nos idées.

Pour la première fois, le français se fraye un passage dans les textes d’un de vos albums.

Chanter en français, c’était une grande première pour moi. Et je suis satisfait du résultat, même si j’avoue être plus à l’aise avec l’anglais. J’étais persuadé que la langue de Shakespeare offrait plus de possibilités, à la fois pour l’écriture et la composition. Mais c’était une erreur. Ce fut une agréable mise en danger.

VO jouera en 1re partie de Woodkid aux Nuits Botanique, ce 17 mai au Cirque royal.


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