Un K à part
Ce jeudi, le coup d’envoi du vingt-quatrième Dour Festival sera donné. Parmi légion de groupes belges qui y seront, nous avons rencontré The K.
Publié le 13-07-2012 à 18h05
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Aiguisé comme une lame, pointu comme un couteau, chauffé comme une flamme et puissant comme un fusil d’assaut " Si la maxime fut jadis co-signée par le Supreme NTM et Raggasonic, deux légendes hip-hop, elle est ici toute désignée pour décrire une déferlante plus rock intitulée The K. Sur scène, le trio multiplie les déflagrations et impressionne. Une - déjà - solide réputation live qui a valu à cette atypique formation de remporter le Concours Circuit au rayon "Rock dur" l’an dernier. Fort d’un premier album uppercut (le cinglant et torturé "My flesh reveals millions of souls", NdlR), The K s’apprête à électriser le public du Dour Festival. Avec une recette aussi corsée qu’efficace : une basse tranchante, une batterie galopante et la gratte enragée de son leader-chanteur au torse nu et aux cheveux longs, Sebastian von Landau. Rencontre avec ce Iggy Pop allemand liégeois d’adoption.
Jadis celle des Kerbcrawlers, vous êtes aujourd’hui la voix de The K.
Sebastian von Landau : Quand Sigfried (Burroughs, actuel batteur) nous a rejoint en mars 2010, la décision de changer le nom s’est imposée. D’une part, pour marquer le pas à l’arrivée d’un nouveau membre. Ensuite, car notre style s’est vraiment radicalisé à l’époque. Et enfin, parce qu’on en avait marre de voir notre nom écorché systématiquement. De ce côté-là, avec juste un "K", c’était plus simple et plus graphique. Ça fait référence à pas mal de trucs qu’on aime bien également. Notamment le K de Dino Buzatti, son recueil de nouvelles. On s’est inscrit au Concours Circuit sous ce nom-là en juin 2011, en se disant qu’on le garderait si on gagnait. On l’a donc gardé [ ] Au départ, au sein des Kerbcrawlers, il s’agissait de Geoffrey (Mornard, NdlR) à la basse, de moi à la guitare et d’un autre batteur qui jouions ensemble depuis 2007. Musicalement, c’était très différent de ce que l’on fait maintenant C’était un autre groupe.
Quid de ce style – très frontal désormais – qui s’est donc radicalisé ?
Nous nous sentons proches de groupes tels que The Jesus Lizard (formation noise-rock née à Chicago fin des années 80, NdlR) ou Shellac (trio post-hardcore du début des années 90, également de Chicago, NdlR). The Blood Brothers aussi, plus récemment. En général, on se situe aux alentours de cette scène post-punk-hardcore américaine, mais toujours underground. Des groupes inconnus qui n’ont pas assez de moyens pour traverser l’océan Je pense notamment à Drum Driver. Ou Pissed Jeans, chez Subpop, qui sont déjà un peu plus connus. Rock-noise, punk-noise Enfin, noise en tout cas.
Un ovni chargé à la chevrotine, pas vraiment adapté à l’horizon pop-rock de notre plat pays.
On a la chance de bénéficier du travail d’une structure comme Jaune Orange, qui a de très bons contacts. Et qui prouve son ouverture, alors qu’on a parfois tendance à leur coller une étiquette pop. Il suffit de voir la programmation éclectique et novatrice d’un événement comme le Micro-festival. L’inconvénient d’être "un ovni", c’est que l’on ne t’attend pas, et que l’espace n’est pas vraiment prévu pour t’accueillir. L’avantage, c’est que tu fais figure de précurseur dans cette veine. Mais il y a des groupes wallons qui sont bruts de décoffrage. A Liège, tu as Ramon Zarate ou encore Electric Ladies Blues, également chez Jaune Orange. J’avais aussi l’oreille attentive à des groupes comme Seasick, le groupe d’avant Experimental Tropic Bluesband si tu veux Il suffit parfois de traverser la frontière linguistique. On répète à Waremme, à 5 kilomètres de Tongres, et l’on connaît des tas de projets flamands dont on se sent proche niveau influences. D’ailleurs, notre batteur est néerlandophone [ ]
Dour, par contre, semble l’endroit idéal pour accueillir votre musique.
J’y suis souvent allé en tant que festivalier. Cette année, je vais m’y balader un peu et aller voir - ça va étonner - les Flaming Lips et le Klub des Loosers (projet rap français, NdlR). C’est clairement le genre de programmation dans laquelle on se sent à l’aise. Même si j’aime toujours surprendre ou être regardé en chien de faïence par un public qui ne nous attend pas.
En concert, au Dour Festival, ce dimanche 15 juillet.
Un disque : "My flesh reveals millions of souls" (Jaune Orange)