Bruel: "Combattre la banalisation"

Farouche opposant au FN, Patrick Bruel plaide pour le droit de vote obligatoire.

Entretien Marie-Anne Georges et Francis Van de Woestyne
Patrick Bruel, chanteur et comedien
Patrick Bruel, chanteur et comedien ©Alexis Haulot

Farouche opposant au FN, Patrick Bruel plaide pour le droit de vote obligatoire. De passage dans nos murs, Patrick Bruel a beaucoup parlé "foot" avec nos confrères de la "Dernière Heure". Mais ce n’est pas sur ce sujet que nous avons décidé d’interviewer le chanteur français. Car l’homme a très souvent un avis éclairé et lucide sur le monde qui l’entoure. C’est qu’il a grandi dans un univers politisé et qu’il a été, durant 27 ans, le meilleur ami de Guy Carcassonne, juriste français spécialiste du droit constitutionnel décédé en 2013.

Si on sollicite son avis sur des sujets brûlants, c’est que l’on croit que certains artistes peuvent avoir du poids. Quand on lui demande de s’exprimer sur l’attentat au Musée juif de Bruxelles ou sur le "score" du FN de Marine Le Pen aux Européennes, il se raidit et met en garde. "Aujourd’hui, c’est très compliqué. Je vais vous dire des choses qui vont être reprises en France sur n’importe quel site parce que plus rien n’est contrôlé et que tout peut être interprété." Et tente de se justifier. "Je suis venu pour parler d’un spectacle que je vais donner à Lille les 5 et 6 septembre." Plus tard dans la conversation, il abordera, quand même et avec à-propos, ces sujets. L’attentat du Musée juif, d’abord. "Que dire ? Quelque chose qui soit utile, intéressant. Je ne sais pas. Evidemment que les propos de certains ont ouvert la porte. S’il y a une chose à combattre, c’est la banalisation", commente-t-il à la question de savoir si l’on a libéré la parole anti-juive.

L’abstentionnisme, premier parti

Que pense-t-il de la réaction du metteur en scène Olivier Py, directeur artistique du festival d’Avignon, qui, au lendemain du premier tour des élections en France, avait déclaré qu’il quitterait Avignon si la mairie passait aux mains du FN ? Ne vaut-il mieux pas rester pour résister ? "La résistance, elle ne s’est pas faite à Vichy, elle s’est faite à Londres", assène-t-il, précisant, "peut-être que l’annonce d’Olivier Py a été un signal d’alarme puisque, finalement, ce n’est pas arrivé". Patrick Bruel en profite pour remettre les points sur les i. "Contrairement à ce qui a été dit, j’ai un total respect pour les électeurs, pour le choix démocratique. J’ai un peu de peine que les politiques qui nous gouvernent aient laissé partir ces gens vers le FN ou l’abstentionnisme, les aient déçus, leur aient menti. L’abstentionnisme, c’est le premier parti de France."

Il est vrai qu’en France, le vote n’est pas obligatoire, comme en Belgique : "C’est plus que dommage. Je trouve cela incroyable qu’au sein de l’Europe, tous les pays ne soient pas unis sur l’exemple de la Belgique. Je trouve cela fou, même". Que pense-t-il de la formule "les promesses électorales n’engagent que ceux qui les croient" ? "Les promesses sont stupides. Il faudrait avoir l’honnêteté de dire qu’il y a un problème, qu’on va essayer de le résoudre et qu’on ne va peut-être pas y arriver. On va se donner les moyens, ensemble. Cela a réussi à l’Italie et à l’Espagne." Comment considère-il les Français qui choisissent la Belgique et son système fiscal moins contraignant ? "Je ne suis pas dans le jugement. J’ai décidé de payer mes impôts en France, d’y rester, d’avoir justement le droit de critiquer, de râler et de pouvoir, aussi, utiliser ce que la France propose de merveilleux en termes de sécurité sociale, par exemple. C’est un pays extraordinaire qui a besoin de retrouver un peu de souffle, de joie de vivre."

L’entretien, dans son intégralité, est à retrouver en cliquant ici.

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