Majestueuse Marianne Faithfull au Palais des Beaux-Arts de Bruxelles
Pour fêter ses 50 ans de carrière, la chanteuse anglaise s'est offert un nouvel album, « Give my love to London » et une tournée mondiale. Qui passait mercredi soir par Bruxelles.
- Publié le 20-11-2014 à 14h47
- Mis à jour le 20-11-2014 à 17h12
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On a eu peur, quand on l'a vue entrer sur la scène de Bozar, d'un pas lent, une canne à la main. Mercredi soir, Marianne Faithfull, qui vient de sortir un intense et profond 20e album studio, « Give my love to London » (LLC 15/10/2014), se produisait dans la très belle salle Henri Leboeuf du Palais des beaux-arts de Bruxelles. Quatre musiciens l'avaient précédée prenant place sur une scène à la configuration austère. Une fois installée derrière le micro, la chanteuse anglaise, rassurait ceux qui avaient besoin de l'être. Elle s'était cassé la hanche et le fémur. Décidément, l'égérie rock des années 60 est souvent tombée, mais s'est toujours relevée. La drogue, comme tout le monde sait, mais aussi divers soucis de santé.
Rien que par sa présence, imposante, elle dégage un charisme indéniable. C'est avec « Give my love to London » qu'elle entame une des étapes de son 50th Anniversary World Tour. D'emblée, on se réjouit de la profondeur de sa voix, riche et épaisse. Elle ne la travaille plus au tabac, remplacé par la vapeur de la cigarette électronique. Ce qui nous vaut de sa part un laïus autour de la chose. Lady Marianne aime bien parler. Elle contextualise les morceaux, maniant l'humour et le détachement avec aisance.
Au fur et à mesure que les titres s'enchaînent, on est happé par la l'intensité de sa prestation, mais aussi perturbé de ne pouvoir se déhancher – sur la reprise qu'elle fait des Everly Brothers, « The Price of Love », parmi d'autres. Tout comme on est troublé par le fait qu'elle reste assez souvent assise, majestueuse sur son trône, comme une matriarche – position certes confortable pour une convalescente de 67 ans. Régulièrement, elle jette un oeil sur le pupitre posé à ses côtés pour lire les paroles de ses chansons. Quelques anciennes émaillent le set du soir. Comme « Broken English » ou l'originel « As tears go by ».
A ses côtés, le combo de musiciens est composé de l'excellentissime Ed Harcourt aux claviers, du coproducteur de son dernier opus, Rob Ellis, à la batterie et des discrets mais efficaces Johnny Bridgewood à la basse et Rob McVey à la guitare. Avec une telle équipe de base, les orchestrations connaissent de nouvelles parures qui, loin d'écraser le propos, le relèvent. Comme sur le vibrant « Late Victorian Holocaust », écrit par Nick Cave. Précédé par un « Sister Morphine », ayant ouvert le « junkie corner ».
Deux singulières parenthèses ont enrichi le set. « Plaisir d'amour », a cappella, en français ainsi que l'inédit « Who will take your dreams away », extrait, sur une musique d'Angelo Badalamenti, de la bande originale du film « La Cité des enfants perdus » des Français Carot-Jeune. De nouveau les musiciens épousent son phrasé et le claviériste offre quelques belles échappées pianistiques sur son bijou rouge.
Alors qu'on en vient à se questionner sur la pertinence d'une telle tournée, nos réserves sont en partie balayées par le bonheur sincère de Lady Marianne, d'être là, « un cadeau pour elle que cette tournée », conviant le public à le partager. Ce qu'il ne manquera pas de faire en lui réservant une standing ovation.