Mademoiselle K, l’anglais lui va si bien
La Française Mademoiselle K est de retour avec un 4e album,entièrement en anglais.
Publié le 23-03-2015 à 20h30 - Mis à jour le 23-03-2015 à 20h31
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La Française Mademoiselle K est de retour avec un 4e album,entièrement en anglais.Les téléspectateurs assidus de l’édition française de The Voice ont déjà dû entendre "Jalouse", une chanson souvent choisie par les candidats du télécrochet. Mais connaissent-ils son auteur ? Pas sûr. Ce morceau est issu du premier album de Katerine Gierak, alias Mademoiselle K, "Ça me vexe", sorti en 2006. Depuis lors, de l’eau a coulé sous les ponts. La chanteuse française de 34 ans a claqué la porte de sa maison de disques qui n’entendait pas d’une bonne oreille qu’elle décide de chanter sur son quatrième opus uniquement en anglais.
A New York et Londres
"Je savais que j’allais faire cet album en anglais, cela faisait un an que je faisais écouter des maquettes aux responsables. J’étais allée à New York, je m’étais inscrite dans une école de langues. J’étais ensuite allée à Londres pour perfectionner mon accent" , se souvient l’intéressée, fière de tenir entre ses mains "Hungry Dirty Baby" qu’elle a autoproduit. "J’y ai mis toutes mes économies. J’espère avoir fait, avec mon manager, un bon investissement" , rigole la jeune femme.
Ce manager n’est autre que son chef de projet à l’époque où elle était encore chez EMI avant le rachat partagé de cette dernière par Universal et Warner. Il lui suggère de faire une prétournée des clubs, histoire de mettre le public au parfum de la nouvelle route qu’elle a décidée d’emprunter. Tant qu’à chambouler les choses, son groupe devient un trio - intense guitare-basse-batterie. "Quand je suis rentrée de New York, j’avais plein d’évidences artistiques. Un : je savais que j’allais changer de batteur. Deux : je m’étais mise à jouer beaucoup de basse, à composer avec. Cela allait de pair avec l’anglais. Nouvelle langue, nouvel instrument !", raconte Katerine Gierak, d’un ton décidé.
On la sent combative. Elle veut travailler avec les Anglais parce que "quand c’est pas bien, ils te le font savoir, ils ne te flattent pas gratuitement comme pourraient le faire les Américains" . Elle va bosser dur avec Richard Woodcraft (Arctic Monkeys, Etienne Daho, Christine and the Queens). "Je n’ai jamais autant fait de prises de voix sur des titres. Trente, quarante. Jamais on ne m’avait poussée autant, mais c’était vachement bien."
Franc parler
La rockeuse française n’a jamais eu sa langue en poche et ce n’est pas parce qu’elle a opté pour la langue de Shakespeare que cela allait changer. Sur "Hungry Dirty Baby", elle aborde des sujets qui lui sont chers. "Moi, ce qui me tient à cœur, c’est l’égalité des droits. Tout ce qui a rapport au genre. J’ai apprécié le discours de Patricia Arquette aux Oscars. C’est un truc sur lequel je me suis déjà exprimée et que je continue de penser." Dans son discours, l’actrice américaine faisait allusion aux différences de salaire entre hommes et femmes. "Comment est-ce possible qu’au jour d’aujourd’hui les femmes, à compétences égales, soient moins bien payées que les hommes ?", s’insurge Mademoiselle Gierak. Sans parler des harcèlements psychologiques. "Ah ben, dis donc, pour une femme, tu joues bien de la guitare" , s’est-elle déjà vu rapporter. Comme on dit dans ces cas-là : mieux vaut entendre cela qu’être sourd.
Ce n’est pas tout. Quand la liberté régresse, comme le pense la Française - elle prend comme exemple les manifs contre le mariage pour tous -, la belle androgyne se mobilise. "Sur la couv’de l’album, y a un bout de mon téton qui dépasse. On a dû le photoshoper pour iTunes. iTunes est américain; or, les trois quarts de la pornographie mondiale proviennent des Etats-Unis. C’est quand même le summum de l’hypocrisie." Mademoiselle K ne se démonte pas. Le 14 février dernier, elle arrive sur scène, à Lille, pantalon de couleur chair, et bandeau du même ton peint au niveau de son thorax. Les gens ne s’en rendent compte qu’au bout de cinq morceaux quand elle se met à transpirer. L’art de joindre la parole aux actes.
--> Un CD Kravache/Pias. En concert le jeudi 26 mars au Botanique (Rotonde), à Bruxelles.
Photo Iris della Roca&Lou Levy