Pour tout comprendre sur le nouveau service Apple Music
Apple lance ce mardi son service d'écoute de musique en ligne sans téléchargement (streaming) baptisé Apple Music. Le groupe américain aura fort à faire face à une concurrence déjà nombreuse et bien établie.
Publié le 29-06-2015 à 21h27 - Mis à jour le 30-06-2015 à 14h37
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Apple lance ce mardi son service d'écoute de musique en ligne sans téléchargement (streaming) baptisé Apple Music. Le groupe américain aura fort à faire face à une concurrence déjà nombreuse et bien établie.
Apple casse les prix
Ça se bouscule dans le monde de la diffusion de musique en ligne sans téléchargement. C’est aujourd’hui qu’Apple ouvre sa plate-forme de streaming dans une centaine de pays dont la Belgique, un accord ayant été trouvé avec la Sabam qui gère les droits d’auteur.
Une radio et un réseau social
Apple Music étant entièrement payant - exception faite de l’offre d’essai gratuite de 90 jours - et la concurrence étant rude sur le marché, la firme de Cupertino se devait de faire les choses en grand pour attirer les utilisateurs. Elle propose donc un vaste catalogue. Plus de 30 millions de titres qui ont nécessité quelques concessions (lire ci-contre). La quasi-totalité du répertoire d’iTunes en fait partie à quelques exceptions notables près, notamment le catalogue des Beatles. Elle offre également plus qu’un simple service de streaming puisqu’Apple Music se double d’une webradio planétaire, Beats 1, diffusée gratuitement 24h/24 et 7 jours/7 depuis New York, Los Angeles et Londres, et d’un réseau social, Connect, qui ne sera pas sans rappeler par moments MySpace par sa volonté de mettre en contact les artistes et leurs fans. Le mode hors-ligne, qui permet d’écouter ses chansons sans être connecté, est également de la partie.
Pas de HD
Globalement, l’offre qu’Apple propose aujourd’hui ressemble comme deux gouttes d’eau à celle de ses concurrents (voir le comparatif ci-dessous). Elle recèle cependant un atout qui pourrait faire mouche : son offre "familiale". Destinée à six utilisateurs (pas nécessairement de la même famille !), elle ramène l’abonnement mensuel à 2,50 euros par personne au lieu de 9,99 euros. Apple qui casse les prix, c’est suffisamment rare pour être signalé. En revanche, on déplore l’absence de fichiers musicaux en haute résolution. Seul Tidal, le service de streaming lancé par Jay Z et une armada de stars, propose une telle qualité.
Apple Music est disponible dès aujourd’hui pour les environnements OS X et iOS uniquement. Ce n’est pas une surprise, on connaît la politique de la maison en matière d’exclusivité. Il faudra attendre l’automne pour pourvoir en bénéficier dans les environnements Windows et Android.

La course-poursuite est engagée
Apple nous avait habitué, en matière de musique, à jouer les précurseurs. Au début des années 2000, le lancement de la plateforme de téléchargement légal iTunes, couplée au succès de l’iPod, a littéralement révolutionné l’industrie musicale en bousculant les majors du disque déjà totalement déboussolées par le piratage. Douze ans plus tard, plus de 25 milliards de titres s’y sont vendus. Un succès inégalé.
Intégration
Avec Apple Music, son service d’écoute en ligne sans téléchargement lancé ce mardi, la firme à la pomme ne joue plus les pionniers. Elle arrive même tard sur le marché et va devoir cravacher pour rejoindre les cadors du secteur. La question est de savoir si, avec ses arguments, son service entièrement payant peut convaincre des utilisateurs encore très friands de gratuité. À la lumière de l’expérience Spotify, c’est loin d’être gagné. L’entreprise suédoise, leader mondial du streaming, revendique 60 millions d’utilisateurs, mais, au sein de ceux-ci, ils ne sont que 15 millions à payer pour utiliser sa plateforme.
Le défi à relever est donc de taille pour Apple, mais il n’est pas impossible selon James McQuivey, analyste chez Forrester. Pour lui, Apple Music peut avoir plus d’utilisateurs que Spotify en moins d’un an. Le secret de la réussite, c’est l’intégration. Ce n’est pas parce que le groupe créé par Steve Jobs proposera un meilleur service qu’il l’emportera, indique l’analyste, mais parce que ce service sera intégré à des centaines de millions d’appareils. On pense évidemment aux iPhones qui se vendent par dizaines de millions. Il suffirait qu’Apple convertisse ne fût-ce que 10 % des 800 millions d’utilisateurs d’iTunes pour qu’il s’offre la première marche du podium.
Concessions
Pour réussir dans sa nouvelle entreprise, Apple semble aussi décidé de jouer d’un autre levier, celui de la concession. En 2003, lorsque iTunes a débarqué, les artistes et les maisons de disques se sont félicitées de voir arriver un service numérique légal pour faire face au piratage. Une grosse décennie plus tard, les choses ont bien changé. On l’a vu lorsque Taylor Swift, du haut de ses 40 millions d’albums vendus, a menacé de boycotter Apple Music en raison des conditions imposées par le service au détriment des artistes et des maisons de disques. Elle visait en particulier l’absence de rémunération pour ceux qu’on appelle les ayants droit pendant la période d’essai de 90 jours offerte gratuitement aux utilisateurs. Sa lettre ouverte publiée sur son compte Tumblr a instantanément fait plier Apple. Désormais, d’après le "New York Times", une rémunération de 0,2 cent par titre écouté sera versée directement aux artistes. Un retournement de situation qui permet non seulement à Apple Music d’être la première plateforme de streaming à proposer l’album "1989" de la chanteuse américaine, mais aussi de signer avec les labels indépendants. Ils étaient plusieurs à avoir également dénoncé les conditions qui leur étaient imposées et à avoir annoncé leur intention de se passer d’Apple pour vendre leur musique. Parmi eux, Merlin, un label abritant 20 000 artistes, dont Adele. La hache de guerre est désormais enterrée. Une aubaine pour le catalogue d’Apple Music.

Le revenu des artistes raboté
L’arrivée d’Apple Music remet à nouveau sur le devant de la scène la question de la rémunération des artistes. Avec l’entrée en scène de la Pomme sur le marché du streaming, on pourrait assister à une guerre des prix entre les différents protagonistes. Un scénario dont les créateurs de contenus seraient les premières victimes et dont ils se passeraient bien. Leurs gains déjà jugés très maigres (voir l’infographie ci-contre) seraient un peu plus rognés. En France, l’Adami, la société de gestion collective des droits de propriété intellectuelle des artistes-interprètes, a fait les comptes. Chaque abonné à l’offre familiale du service d’Apple rapportera aux artistes entre 0,11 et 0,17 euro par mois. Un montant qu’il faudra partager entre tous ceux qui ont été écoutés par l’abonné !