Concours Reine Elizabeth: Larry Weng, d'une immense générosité

Dans une ambiance survoltée, il livre une prestation hors format.

Martine D. Mergeay
Concours Reine Elizabeth: Larry Weng, d'une immense générosité
©Photo News

Il est américain, il est né en Chine et il a 28 ans. Larry Weng est de ceux qui savent à la fois construire, dessiner et peindre. En demi-finale, il donna des "Miroirs" de Ravel une version d'une poésie infinie, portée par une technique d'enfer. On peut donc penser que l'œuvre de Ledoux, "A Butterfly's Dream", rencontrera et sa sensibilité et ses (immenses) moyens.

Le premier haut- fait du musicien sera de supporter un retard de près d'une demi-heure, pour cause d'embouteillage à Bruxelles... Cela ne l'empêche pas d'entrer sur scène en souriant et d'empoigner l'œuvre en faisant immédiatement jouer les contrastes et les couleurs. Sans dureté, dans des sonorités toujours riches et chatoyantes, il n'hésite pas à donner de la puissance, à souligner les climats et à y injecter une énorme énergie. Et c'est d'autant plus vivant et prenant que l'orchestre, de plus en plus à l'aise avec la partition, soutient les intentions du soliste. L'ultime cadence, implacablement menée jusqu'au triple forte est d'une véhémence inouïe sans que jamais le son ne soit saturé ni ne perde de sa beauté, et la fin, soudain si douce et si simple en revêtira un caractère poignant, quasi désolé.

Pareille ouverture atteste en tous cas que Larry a de quoi faire chanter cet immense deuxième concerto de Brahms qu'il a choisi de présenter. Difficile de s'arracher à l'écoute - et à la contemplation- de cette version surprenante et forte pour en transcrire maigrement les impressions... Ce sont, comme souvent hélas, les accrocs qui rompront (ou failliront rompre) le charme : trop de fougue, un peu de précipitation, beaucoup de notes à côté, à considérer comme un simple coup de tabac... La suite de l'athlétique concerto en connaîtra d'autres, mais entourant des passages d'une intensité et même d'une grâce qui feront chaque fois oublier les dérapages. Avec l'appréhension qu'à force de penser tout trop fort et trop grand, Larry Weng perde parfois, non seulement, la qualité de son toucher mais encore son pouvoir de conviction. L'andante n'en est pas moins un moment d'extase, porté par les cordes attentives et inspirées. Et le finale, plus allegretto que grazioso, s'ouvrira sur une explosion d'optimisme et de joie, avant d'accuser des signes de fatigue. Le prix payé pour un trop plein d'énergie mais aussi une immense générosité.

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