Leonard Cohen, une source d’inspiration tous azimuts

Charles Van Dievort
Jeff Buckley - Pacific Club - Antwerpen - 21/09/1994 REPORTERS/gie Knaeps
Jeff Buckley - Pacific Club - Antwerpen - 21/09/1994 REPORTERS/gie Knaeps ©REPORTERS/gie Knaeps

On ne compte plus les reprises de Leonard Cohen, le chiffre dépassant allègrement les 1500. Et, fait inhabituel, celles-ci ont commencé avant même la sortie du premier album du Canadien. On découvre sa plume dès 1966 à travers l’album "All My Life" de la chanteuse folk américaine Judy Collins. Deux de ses titres y figurent, dont "Suzanne". Un an plus tard, il y en a quatre sur "Wildflowers", parmi lesquels "Sisters Of Mercy".

Dès la parution de son premier disque, "Songs of Leonard Cohen" en 1967, les grands noms de la chanson, tous horizons confondus, vont reprendre le répertoire du chanteur canadien. On entendra Nina Simone s’approprier "Suzanne", comme le fera plus tard Anni-Frid Lyngstad, une des chanteuses d’Abba. Joe Cocker fera sienne "A Bird On The Wire" qui sera également reprise de très belle façon par Johnny Cash dans sa série "American Recordings". Sans oublier "Hallelujah" ! On compte plus de 200 versions de cette chanson qui avait pourtant bien mal commencé sa carrière. Parue sur "Various Positions" en 1984, ses arrangements aux synthétiseurs n’étaient pas à la hauteur du contenu, jusqu’à ce que John Cale, cofondateur du Velvet Underground, en fasse une version dépouillée et habitée. Celle-ci a servi de base à la magnifique interprétation qu’en a donnée le regretté Jeff Buckley qui a popularisé ce titre auprès des nouvelles générations. D’autres lui ont emboîté le pas, pour le meilleur ou pour le pire : Bon Jovi, Céline Dion ou M Pokora.

En 1991, "Les Inrocks" soulignait déjà l’influence de Leonard Cohen sur ses pairs. A l’initiative du magazine français, un disque de reprises est paru sous le nom "I’m Your Fan". Les grands artistes de l’époque y livrent leur interprétation du répertoire du Canadien : REM avec "First We Take Manhattan", Pixies avec "I Can’t Forget" ou encore Nick Cave et ses Bad Seeds avec "Tower of Song". Trois ans plus tard, c’est Nirvana qui fait allégeance. Sur "Pennyroyal Tea" extrait de "In Utero", le troisième album du groupe, Kurt Cobain évoque Leonard Cohen. La chanson devait être le troisième single de l’album, mais ce dernier sera retiré du commerce quelques jours après sa sortie suite au suicide du chanteur.

En français dans le texte

Leonard Cohen n’a pas seulement inspiré les artistes anglo-saxons. Il s’est aussi taillé une sérieuse réputation auprès des francophones. Graeme Allwright est le premier à avoir traduit la poésie du chanteur dans la langue de Molière, comme Hugues Aufray l’a fait pour Bob Dylan. Ils sont nombreux à lui avoir emboîté le pas. C’est le cas de Jean-Louis Murat, le seul francophone présent sur la compilation des "Inrocks", mais aussi de Serge Lama qui a adapté "A Bird On The Wire" sous le titre "Vivre Tout Seul". Fait rare, il arrivera parfois que Leonard Cohen reprenne à son compte, sur scène, la traduction qu’en a fait le Français. Et comment ne pas évoquer Alain Bashung qui sur "Bleu Pétrole", son dernier album paru en 2008, offre une superbe lecture de "Suzanne".

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