Lost Frequencies, le Belge qui fait danser toute la planète: "J'avais peur d'être l'homme d'un seul succès"
Depuis trois ans et son tube "Are You With Me", Lost Frequencies fait danser la planète entière. Le jeune DJ et producteur bruxellois vient de sortir son premier album : "Less is More". Usine à tubes, ce disque se distingue des productions habituelles rencontrées en musique électronique.
Publié le 14-11-2016 à 14h31 - Mis à jour le 14-11-2016 à 14h37
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Félix De Laet n’a pas 23 ans mais c’est déjà une star planétaire. Propulsé par son tube "Are You With Me", les clips du DJ et producteur bruxellois qui officie sous le nom de Lost Frequencies affiche des centaines de millions de vues sur YouTube. De l’Australie à la Suède en passant par les Etats-Unis, le Mexique et l’Europe entière, il a été intronisé roi des dance floors. Et la sortie fin octobre de son premier album, "Less is More", ne devrait qu’accentuer ce succès tant ce disque est une usine à tubes potentiels et est taillé pour les radios avec ses titres ne dépassant pas les quatre minutes,
Avant même d’avoir publié un premier album, Lost Frequencies s’offrait déjà les plus grandes scènes du monde : Rock Werchter en Belgique, Tomorrowland au Brésil, Coachella aux Etats-Unis, Lolapalooza à Berlin, etc. Il s’est même offert le luxe de devenir le premier Belge à s’installer en tête des charts anglais.
Armin van Buuren
Formé dès son plus âge au piano, Félix De Laet commence à bidouiller les sons lorsqu’il se voit offrir un MacBook Pro par son père. Il commence par redonner une nouvelle vie à d’anciens titres tombés dans l’oubli en les remixant. En 2013, c’est en postant ses créations sur Soundcloud, un réseau social consacré à la musique, qu’il se fait remarquer sous le nom de Lost Frequencies.
Parmi les morceaux qu’il s’est appropriés en les remixant figure "Are You With Me" , un titre du chanteur country américain Easton Corbin. Ce qu’il en fait tape dans l’oreille d’une des stars mondiales de la scène DJ, le néerlandais Armin van Buuren. En le signant sur son label Armada Music, ce dernier donne le coup d’envoi d’une ascension fulgurante pour son jeune homologue bruxellois. "Are You With Me" explose sur YouTube et s’installe pour quelques semaines en tête des charts européens pour être certifié disque de platine.
L’année 2015 confirme le succès phénoménal que rencontre Lost Frequencies qui multiplie les remixes. Et 2016 l’a vu partir à la conquête du continent américain jusqu’à devenir une méga star au Mexique. Drôle de destin pour ce jeune Bruxellois qui était tout sauf un adepte des pistes de danse des clubs. "Je n’étais pas un grand fan des boîtes de nuit, confie-t-il. J’étais complètement perdu dans cet univers qui m’opprimait. Mais ma perception a changé depuis que je les fréquente. Désormais, je sais comment les choses s’y passent et je m’y sens relax. J’y suis un peu comme chez moi."
La sortie de "Less is More" vient compléter un parcours déjà exceptionnel. Ce disque confirme que Félix De Laet a tout d’un grand. Il a su créer ses propres chansons et un son qui lui appartient en introduisant de vrais instruments dans un projet estampillé "musique électronique".
"Ma base de fans n’est pas en Belgique mais au Mexique"
Le rendez-vous avec Lost Frequencies était fixé à deux pas à peine des pistes de l’aéroport de Zaventem, trois jours avant la sortie de son premier album. Le jeune homme était à la fois un peu anxieux parce qu’il devait se produire sur place le soir même pour présenter ses nouvelles chansons, et très excité parce qu’il découvrait pour la première fois les exemplaires fraîchement pressés de son disque "Less is more".
Comment avez-vous vécu ces deux années ?
Ça a filé très vite. Au début, je ne comprenais pas bien ce qui se passait, je ne me rendais pas compte du succès que j’avais. Quand "Are You Ready" a explosé, j’avais peur d’être un " one hit wonder" , l’homme d’un seul succès. Ils sont nombreux depuis quelques années à faire la même musique que moi, à avoir eu un tube puis à avoir disparu. C’est pour ça que j’ai poursuivi mes études quand le premier succès est arrivé. Cette crainte s’en est allée avec le deuxième single, "Reality". Le fait d’avoir un deuxième succès et que ce soit à nouveau avec une composition originale et pas une reprise, rendait mon projet plus sérieux. Aujourd’hui, ça fait bizarre de voir ce premier album. J’imagine les gens mettre le CD dans leur autoradio et écouter les chansons. Ma musique est assez accessible. Elle convient à tous les âges et elle est à la fois dansante et relaxante. On peut l’écouter n’importe où et n’importe quand.
Vous avez foulé les plus grandes scènes du monde : Werchter, Tomorrowland en Belgique et au Brésil, Coachella aux Etats-Unis, Lolapalooza à Berlin. Et Ibiza ! Vous vivez un rêve éveillé ?
C’est très impressionnant d’être sur ces scènes et de voir ces foules qui connaissent ma musique. Mais c’était aussi gênant parce que je jouais un set d’une heure qui ne comprenait qu’une chanson à moi toutes les dix minutes. C’est pourquoi je suis très content de sortir ce premier album. Il ne contient qu’une seule reprise. Je vais donc pouvoir jouer mes propres chansons en concert. Ce sera vraiment la signature Lost Frequencies.
Qu’est-ce que ça fait de prendre l’avion pour monter sur scène au bout du monde ?
C’est bizarre. J’adore aller au Mexique car je suis une superstar là-bas. Contrairement à ce qu’on pourrait penser, ma base de fans n’est pas en Belgique mais au Mexique. Les gens m’attendent à la sortie de l’hôtel pour avoir un autographe, une photo, etc., même si en tant que DJ je ne suis pas aussi célèbre qu’une pop star comme Justin Bieber. C’est étrange d’être si loin de chez moi et d’y être beaucoup plus connu qu’en Belgique.
"Less is More" n’est pas un album de pure musique électronique. On y trouve des chansons avec des mélodies, des refrains et de vrais instruments. Vous tournez le dos à la musique électronique ?
J’aime la musique électronique et c’est par ça que j’ai commencé. Mais j’ai adoré travailler avec des chanteurs et faire des chansons plus pop dès que l’occasion s’est présentée. J’apprécie construire de la musique au piano autour de parties chantées. Ma base de fans est composée de gens très jeunes et d’autres plus âgés qui ne comprennent pas forcément le genre de musique "deep house" que je fais lorsque je me produis en boîte de nuit. C’est pourquoi je vais sortir deux versions de l’album. Celle plus pop qui est disponible actuellement et une autre qui sera Deluxe plus instrumentale et électronique. Chaque titre sera remixé pour correspondre aux attentes des festivals et des boîtes de nuit.
Au départ, vous faisiez des reprises. Mais sur ce premier album, il n’y en a qu’une. En revanche, d’autres artistes commencent à reprendre vos titres. Quel effet cela vous fait-il ?
A la base, le projet Lost Frequencies consiste à prendre d’anciennes chansons plus forcément écoutées aujourd’hui et à leur redonner un style plus actuel. "What is love" s’inscrit dans ce concept. Il est là pour rappeler à ceux qui s’interrogent que je ne m’éloigne pas de mon concept de base. Par contre, être repris par d’autres, c’est motivant. C’est une chance parce qu’on devient créateur de tendances et ça ouvre de nouveaux horizons.
Vous dites que vous composez au piano. Vous verra-t-on un jour jouer les morceaux de Lost Frequencies seul avec cet instrument ?
Je compose facilement des mélodies au piano mais je n’arrive pas à bien les jouer. Je ne suis pas le meilleur pianiste qui soit. Mon petit frère les joue bien mieux que moi. Il arrange même les parties de guitare pour le piano. Du coup, je pense à le prendre pour m’accompagner ! (rires)
Quelles sont vos racines musicales ?
J’écoute tous les genres musicaux et j’en connais les titres les plus connus. J’y trouve des éléments à incorporer dans mes propres projets. La seule musique que je n’aime pas, c’est le hard rock métal. J’ai essayé de la comprendre mais je n’y arrive pas. J’ai écouté Metallica et "Nothing else matters" qui est un classique, mais je m’y suis perdu. J’ai aussi été voir un concert mais ça ne va pas. Pourtant j’aime bien la "dubstep", une musique au rythme très syncopé qu’on pourrait comparer au métal. Mai ça ne passe pas. Il n’y a donc aucune influence de ce genre sur mon album.