Daniel Weissmann, un intendant motivé
- Publié le 20-11-2016 à 09h42
- Mis à jour le 20-11-2016 à 09h43
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En poste depuis 18 mois, le directeur de l’OPRL n’aura pas perdu de temps. A mon âge, je sais que je ne resterai plus très longtemps à ce poste (bientôt le plaisir de la retraite et la liberté…) mais, en attendant, je suis bien décidé à faire avancer le bateau !" Fort de son double parcours de musicien (violoniste) et d’économiste, Daniel Weissmann est un tourbillon, un TGV, une fusée, aussi rapide dans ses actes que dans son débit verbal. Et depuis son arrivée à l’Orchestre philharmonique royal de Liège, il a carrément modifié le paysage musical liégeois…
Quelle fut sa motivation en postulant à la direction de l’orchestre ? "A l’époque, je sortais d’une rude bataille (au sujet de l’orchestre de Dijon) et mon passé de ‘music consultant’ aurait pu me faire choisir une activité privée. Mais de nombreux appels m’étaient parvenus concernant le nouveau poste ouvert à l’OPRL, dont j’avais gardé une image sonore précise et favorable. J’ai donc répondu (processus de recrutement très lourd, à l’américaine…), en mettant dans la balance toute mon expérience, mes exigences et mes espoirs." Une "short list" de six candidats fut proposée au CA et Daniel Weissmann fut choisi à l’unanimité. "En prenant contact avec l’orchestre, j’ai retrouvé sa belle sonorité, son caractère vaguement désordonné et surtout ses talents, de quoi entrevoir le futur Concergebouworkest de Belgique. Et quand je décide d’‘épouser la cause’, je laisse parler mon instinct !"
Trois voies royales
Très raisonné, cet "instinct" dicta à Daniel Weissmann une stratégie précise, avec effet immédiat sur le niveau de l’orchestre. Par quelles voies ? "Avec le concours de l’acousticien Eckhart Kahle, j’ai commencé par modifier l’acoustique de la salle : impossible pour un orchestre d’améliorer sa sonorité sans améliorer sa propre écoute - cela touche à la longueur des notes, à la précision rythmique, à la production des sons et de leurs harmoniques - de quoi leur révéler des possibilités qu’ils ne soupçonnaient pas. D’autre part, nous avons signé un contrat pluriannuel avec la chaîne Mezzo, ce qui implique que les enregistrements ont lieu en direct, et que, deux ou trois fois par an, des productions de l’OPRL tournent en boucle dans le monde entier. Du coup, le stress de la caméra aidant, les musiciens sont entrés dans un autre cycle de travail : jouer plus et travailler moins ! Deux jours de répétitions et quatre concerts plutôt que l’inverse, ce qui, en augmentant les défis et les risques, leur donne de l’élan, de l’endurance, de la continuité. Troisième nouveauté : une large anticipation dans la programmation, ce qui permet aux musiciens de prendre en main un vrai projet artistique."
La série "Happy Hour"
Enfin, Daniel Weissmann et les musiciens ont imaginé, sur un mode tout neuf, une série de concerts entièrement confiés… aux musiciens eux-mêmes : c’est la série "Happy Hour !", une heure top chrono, à petit prix, le mardi à 19h. Tous les répertoires peuvent y trouver leur place et, à l’issue du concert, le public est invité à retrouver les artistes autour d’un verre. Les premiers concerts ont rencontré un incroyable succès, le prochain a lieu le mardi 22 novembre, consacré à la merveilleuse musique d’Eugène Enescu, avec, en solistes, Ana Camelia Stefanescu, soprano, George Tudoraché, violon, Ralph Szigeti, alto et Claudia Bara, piano.
"Lors du premier concert Happy Hour, Jean-Luc Votano (clarinette solo à l’orchestre) m’a dit : ‘Vous nous confiez les clefs du château’… Je réponds aux musiciens : ‘En échange des outils que je vous donne, je vous demande de vous considérer comme des artistes et de donner le meilleur.’ Etre musicien, ce n’est pas un métier, c’est un sacerdoce."
Prochain concert Happy Hour : Salle Philharmonique, le mardi 22 novembre à 19h. Infos : 004.220.00.00 ou www.oprl.be