Katie Melua et le Chœur des Femmes de Gori ont enchanté Bruxelles

Sophie Lebrun
petrobras
©JC Guillaume

Lundi 21 novembre, au Cirque royal, la chanteuse britannique d’origine géorgienne a livré un concert magnifique, d’une délicatesse infinie, rehaussé par un chœur polyphonique.

Un chœur féminin s’élève, léger, dans le dôme du Cirque Royal. Tel un chuchotement virevoltant, une douce rumeur, il se propage jusqu’aux derniers rangs de la salle bruxelloise, bien remplie ce lundi 21 novembre. Très vite, Katie Melua se joint au Chœur des Femmes de Gori, un ensemble géorgien de 23 chanteuses, pour porter haut «Shchedryk/The Little Swallow», un chant de Noël ukrainien. Un ange passe. La voix douce et cristalline de la chanteuse britannique d’origine géorgienne caresse ensuite l’assemblée sur une reprise de Joni Mitchell («River»), que la chorale enveloppe de vocalises ouatées. Un autre ange passe. Ils seront nombreux, ce soir. L’album «In Winter», paru le mois dernier, est interprété de bout en bout, en première partie de soirée.

De ses propres ailes

Ce disque marque un tournant dans la carrière de Katie Melua, démarrée il y a treize ans et forte de dix millions de disques écoulés. Son contrat de six albums avec la maison de disques Dramatico était arrivé à terme. Plutôt que de jouer les prolongations, l’auteur-compositrice-interprète a alors décidé de voler de ses propres ailes, sans le producteur et musicien Mike Batt qui l’a lancée et a réalisé cinq de ses six albums. Tant qu’à faire, pour son septième opus, elle a choisi de s’aventurer hors des sentiers battus, tout en se rapprochant de ses racines. Née Ketevan Meloua en 1984, Katie Melua a vécu en Géorgie jusqu’à l’âge de neuf ans (avant de déménager en Irlande du Nord puis en Angleterre). C’est là, dans son pays natal, à Gori, qu’elle a rejoint ce chœur polyphonique dont un enregistrement l’avait bouleversée. Et là qu’elle a gravé et co-produit «In Winter». Conçu comme une petite laine, l’album alterne essentiellement des traditionnels (de différents pays) et des compositions personnelles, tout en finesse et délicatesse.

KATIE
©JC Guillaume

Souvenirs d’enfance

Ses vertus apaisantes sont encore plus évidentes en concert. Le stress du quotidien, le bruit de la vi(ll)e et la fureur du monde semblent s’effacer pendant deux bonnes heures. Le chant est nettement à l’avant-plan, parfois a cappella, sinon porté par les guitares de Katie Melua et, discrètement mais sûrement, par les claviers chaleureux de Mark Edwards et la contrebasse de Tim Harries. Fluide et pointilliste, le bouleversant «Perfect World» a toutes les chances de figurer, un jour, dans la bande originale d’un film. Dans un autre genre, Katie Melua et le Chœur de Gori proposent une version lumineuse du «Nunc Dimittis» des Vêpres de Rachmaninov. Et une chanson folk géorgienne, «Tu Ase Turpa», qui suscite un mouvement d’enthousiasme dans le public – on y entend, ici et là, parler géorgien. Par petites touches, Katie Melua évoque son enfance à Tbilissi et Batoumi, et la «richesse que procure une double culture».

«Wonderful Life»

On se ballade d’ailleurs en sa compagnie à «Belfast» - ville où sa famille a migré en 1993 – dans la seconde partie du concert, un peu plus rythmée et tout aussi émouvante, où le public retrouve ce mélange jazz-blues-folk feutré qui est le sien. En formule trio, Katie Melua alterne des titres de ses deux premiers albums et des reprises, dont une version cristalline de «Bridge Over Troubled Water» (Simon & Garfunkel) et un emballant «Wonderful Life» (Black). «There’s magic everywhere [...] No need to run and hide / It's a wonderful, wonderful life». Katie Melua a, de fait, livré un moment magique au public bruxellois. A l’image de ce final, en apesanteur, conviant le Choeur de Gori : «I Cried For You».

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