"La ligne d’en bas" : quand un musicien Belge s’engage contre l'extrême droite
Musicien, startupper et berlinois d’adoption, le liégeois Gilles Toussaint et son groupe Lapwings appellent à la rébellion « contre la haine » dans une vidéo financée via le crowdfunding
- Publié le 12-05-2017 à 15h54
- Mis à jour le 14-05-2017 à 14h20
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Musicien, startupper et berlinois d’adoption, le liégeois Gilles Toussaint et son groupe Lapwings appellent à la rébellion « contre la haine » dans une vidéo financée via le crowdfunding
« Il n’y a qu’un pas jusqu’à franchir la ligne d’en bas, d’un autre temps » … le refrain est venu très vite après avoir entendu une émission sur Jean-Marie Le Pen il y a deux ans. « Je l’avais écrit sur un bout d’enveloppe qui est resté dans un tiroir » raconte Gilles Toussaint, un jeune musicien belge installé à Berlin. Puis « il y a eu Trump, la campagne de Marine Le Pen en France. Je me suis dit qu’il fallait faire quelque chose et maintenant ou jamais ». Il a ressorti le refrain, le reste des paroles est venu.
Depuis son lancement fin avril, plus de 20.000 personnes ont déjà vu sur Facebook la video réalisée avec son groupe « Lapwings ». Résolument engagé , le clip appelle « à la rébellion » contre la bêtise sur le net et le populisme, sur un air d’Indé-Rock évoquant Noir Désir.
Avec le graphisme sombre dessiné par l’animateur allemand Joscha Thelosen, le court métrage raconte « ce qui se passe quand ligne après ligne, les barrières sont franchies », explique Gilles Toussaint. Comme dans les années 30 autrefois ou « aujourd’hui avec le Brexit et cette campagne française, les historiens n’identifient que des années après ce qui a marqué l’origine du déclin d’une civilisation ».
Son inspiration ? Jacques Brel ou Renaud côté francophone, Neil Young ou Joy Division côté anglophone… « J’aime les personnages engagés, qui racontent une histoire ». Il ne le dit qu’au détours d’une phrase, mais lui-même s’engage au quotidien : les destins des réfugiés syriens que raconte le clip, Gilles Toussaint les a croisés en participant à des projets avec des musiciens et graphistes réfugiés à Berlin.
Pourquoi Berlin plutôt qu’ailleurs ? Le jeune homme originaire de Huy a quitté la Belgique et la grosse industrie chimique qui l’employait en 2013 pour « changer d’air ». Paris était trop guindé. «Londres mêle punks et banquiers. Berlin a les alternatifs mais sans les banquiers » sourit-il.
Alors que « les Belges ont tendance à rester dans le même groupe social », à Berlin, il a trouvé « un très grand esprit d’ouverture » où se réunissent sans complexe jeunes, vieux, riches, pauvres, Berlinois d’adoption ou de naissance…
Les « Lapwings » tirent d’ailleurs leur nom du « vanneau huppé » un oiseau en voie de disparition en Belgique mais qui déjà, sous l’Egypte ancienne, désignait les « expatriés ». Un nom prédestiné pour un groupe qui rassemble Américain, Français, Allemand, Italien et Belge.
Les Lapwings ont choisi le « crowdfunding » pour financer leur vidéo mais n’ont encore récolté que 15% des fonds escomptés. « C’est aussi une démarche qui permet de se faire connaître », nuance Gilles Toussaint, qui travaille dans le milieu des start-up berlinoises entre deux concerts.
Vivre de sa musique à Berlin est compliqué. « Il y a trop de groupes et trop de cafés qui ouvrent un micro à tous sans les rémunérer » commente le musicien. Les lieux qui permettent de jouer devant une cinquantaine de personnes en étant payés sont rares à Berlin : le Kaffee Burger, le Culture Container ou le Prachtwerk en font partie, détaille-t-il. « La plupart des musiciens berlinois font autre chose pour gagner leur vie ».
Gilles Toussaint a d’ailleurs créé « Music Suit Up Meetup », un site qui permet aux musiciens de s’informer sur les moyens de vivre de leur musique. Un engagement qui vaut décidément pour toutes les facettes de sa vie.