Romano Nervoso : “Il suffisait de mettre le mot ‘Johnny’ dans chaque phrase..."
Si sa rencontre avec Johnny date déjà de quelques années, Giacomo Panarisi n’a aucune peine à s’en rappeler. Lui et son groupe Romano Nervoso avaient eu à l’époque l’opportunité d’ouvrir pour le taulier. Devant 18,000 personnes, deux soirs d’affilée.
- Publié le 06-12-2017 à 11h06
- Mis à jour le 23-02-2018 à 13h02
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Il est des personnages aux épaules si larges que l’on n’oublie jamais le jour où on les a croisés. Et, pour sûr, Hallyday en était. Si sa rencontre avec Johnny date déjà de quelques années, Giacomo Panarisi n’a aucune peine à s’en rappeler. Lui et son groupe Romano Nervoso avaient eu à l’époque l’opportunité d’ouvrir pour le taulier. Devant 18,000 personnes, deux soirs d’affilée.
La scène se passe le 8 juin 2012, au Sportpaleis. Les gars de Romano Nervoso sont dans les starting blocks et en coulisses, sur le point d’assurer la première partie du show belge de Johnny Hallyday, à défaut de Jean-Louis Aubert prévu initialement pour ouvrir le bal lors de cette tournée. Une date complètement improbable pour la formation louviéroise, dont la présence à Anvers s’est dessinée sur le tard et confirmée pour les deux shows in extremis.
“Johnny avait envie d’avoir des artistes belges pour le précéder sur scène les deux soirs où il jouait à Anvers”, nous explique Giacomo Panarisi. Une liste de groupes du cru a donc été mise sur papier avec l’aide de tourneurs locaux puis soumise à l’équipe de Hallyday. “C’est la prod’ qui sélectionnait deux des noms : un groupe par soir. Mais Johnny gardait le dernier mot. On n’a pas été pris, mais c’est lui qui nous a repêchés. Apparemment, il nous connaissait de nom, en tout cas il savait que Romano Nervoso faisait du blues-rock en italien. Du coup, Johnny a dit à son équipe ‘vous me virez les deux autres et vous mettez ce gars-là les deux soirs’. On y était. C’était une belle surprise parce qu’on avait le rock le plus musclé de la liste. C’est là que tu te rends compte que Johnny aimait le hard rock, le blues électrique, les guitares saturées…” Johnny, c’était un vrai.
Tellement vrai qu’il met un point d’honneur à venir saluer dans leur loge les petits Belges qui le précèdent sur les planches ce 8 juin 2012. “Le premier soir, il est venu nous parler. Il était accompagné de gardes du corps pour chaque déplacement, mais il leur a demandé de rester dans le couloir. Il s’est pointé seul et il a dit : ‘Bonjour, je suis Johnny Hallyday’. Au cas où on ne l’aurait pas reconnu (rires). Puis il nous a remerciés d’être là, nous a causé un bon moment, m’a confirmé qu’il connaissait Romano Nervoso, que ce qu’on faisait était bien, qu’il fallait continuer à chanter en italien… Le lendemain aussi, je l’ai recroisé et on a un peu discuté du concert.”
Hormis la présentation qui force le sourire, le récit ainsi déroulé fait état d’un homme relativement simple, ou du moins pas perché sur sa tour d’ivoire. Le narrateur de confirmer : “C’était un gars bien, franchement respect. J’ai fait des premières parties pour des groupes américains ou anglais, qui ne sont pas un dixième de ce que Johnny Hallyday a été, mais qui nous prenaient de haut. Lui ne se la pétait pas du tout. Nous étions dans les mêmes conditions que lui, on partageait le même catering. Rien n’était séparé, c’était sa volonté. Et donner la chance à un groupe qui débute de jouer devant tout ce monde, c’est tout à son honneur, il n’était pas obligé…”

Nous ne pouvions quitter Giacomo Panarisi sans lui demander comment le concert de Romano Nervoso s’était déroulé. On sait les fans de Hallyday parmi les plus fervents et les plus passionnés. Il n’a donc pas dû être évident de les apprivoiser. Encore moins de leur plaire. “Avec le public, ça a été un peu plus difficile en effet. Personne ne savait qui on était. Ils ont vu débarquer un gugusse avec un manteau de fourrure et un panneau de La Louvière. Faut se mettre à leur place... Le premier soir, nous avions prévu un set énervé. Pendant les deux ou trois premiers morceaux, on a ramé. Au pied de la scène, j’avais 300 sosies de Johnny pas contents qui me fixaient, je ne faisais pas le fier… Puis j’ai compris : il suffisait de mettre le mot ‘Johnny’ dans chaque phrase. Ça a marché. Mais ça doit être la seule fois de ma carrière que j’ai vraiment flippé.”