À l'Ancienne Belgique, le coeur brisé de Ry X face à un public comblé (Chronique)
- Publié le 26-02-2018 à 11h17
- Mis à jour le 26-02-2018 à 14h06
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Délicatesse et pesanteur. C'est dans ce fragile entre-deux que se situe l'électro-folk symphonique de Ry X. Folk, parce que Ry Cuming est un australien barbu qui s'accompagne à la guitare. Électro pour les claviers rayonnants et les percussions électrisées. Symphonique comme l'orchestre qu'il s'est offert pour ce concert unique.
Après la divine Hannah Epperson, qui assure la première partie avec pour seuls instruments les cordes de sa voix et celles de son violon, c’est à Ry X de prendre le relais. Alors que les derniers retardataires prennent place dans la salle de l’Ancienne Belgique (Bruxelles), le petit homme barbu impose un tonnerre d'applaudissements, suivis d'un silence christique en apparaissant sur scène
Ce sont les solistes du Brussels Philharmonic qui ouvrent le spectacle en douceur, avant de prendre un envol désespérément mélancolique avec Shortline. C’est aussi la chanson qui ouvre l'album de Ry X, "Dawn", et qui prend ce soir un aspect tubesque, tant l’orchestre soutient les claviers et la batterie dans un arrangement puissant. Alors que l'espace sonore est peu à peu entièrement occupé, Ry X fait émerger sa voix haut perché qui résonne comme une complainte.
Ça commence fort, l'australien donne beaucoup, tout en retenue, mais ce n’est pas encore percutant. Il va en falloir un peu plus pour réchauffer le public de l’Ancienne Belgique. Un public particulièrement sage ce soir, sans doute absorbé par ce qui se joue sur scène. Quelques silhouettes dodelinent timidement dans la foule.
L’orchestre, lui, donne toute sa profondeur au spectacle et s’acharne à dégager un peu de chaleur. Une tentative presque désespérée tant la brumeuse voix de Ry X, comme érodée par quelque déception amoureuse, chante la détresse. Désarmé, le public n’a plus qu’à se joindre à cet instant de communion, et tant pis pour le vortex polaire.
Quand vient Berlin, la chanson avec laquelle le chanteur-guitariste s'est fait connaître, la solennité de l’instant est suspendue. Tout le monde a reconnu les quelques notes de guitare qui annoncent le tube de Ry X, les téléphones émergent du public pour immortaliser le moment. Là encore, l’orchestre vient soutenir la guitare et la voix, nues, comme des amis rassurants.
L’atmosphère est intimiste. Les projecteurs sont braqués vers le public, qui ne voit que des ombres chinoises sur scène, ombres qui disparaissent parfois dans le brouillard. C'est le seul détail scénographique notable. Rien de sophistiqué dans la prestation de Ry X, c'est d'ailleurs cette simplicité qui lui donne toute son efficacité. Les mêmes accords répétés en boucle, la même voix doublée par ses choristes. C'est le genre de concert où on retient son souffle avant d'oser applaudir à la fin des chansons, de peur de rompre le charme.
Visiblement ému, l'artiste passe son temps à remercier tout le monde. Ses musiciens, l'orchestre, la salle, le public, et certifie que chacun de ses remerciements sont sincères.
Pour clore le concert, le barbu à la voix d'ange demande à tout le monde de se lever. S'il voulait que tout le monde se mette à danser, c'est un échec. Mais sans doute voulait-il simplement que chacun vive le dernier rappel intensément. « I was only falling in love » répète-t-il en boucle comme pour s’en excuser. Dans le public immobile et charmé, des couples se tiennent la main, souhaitant tout bas que la musique ne s'arrête jamais.