MGMT, eighties, insultes et bulles de chewin-gum *** (CRITIQUE)
Depuis 2002, Andrew VanWyngarden et Ben Goldwasser forment l'un des duos les plus fascinants de la planète musique. Avec le 4e "Little Dark Age", la paire américaine retrouve la niaque de ses débuts en trombe.
- Publié le 26-02-2018 à 13h47
- Mis à jour le 21-03-2018 à 13h00
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Depuis 2002, Andrew VanWyngarden et Ben Goldwasser forment l'un des duos les plus fascinants de la planète musique. Jadis baptisé, The Management, la paire faisait fi des voyelles et publiait en 2007 "Oracular Spectacular", énorme chapitre introducteur, cousu de pop enivrante, souvent expérimentale, toujours psychédélique. Les singles "Time to Pretend", "Electric Feel", "Kids" (pour lequel le groupe avait fait un procès à l'UMP de Sarkozy) font ainsi le tour du globe et fragilisent encore la membrane de plus en plus fine qui sépare les joyeusetés mainstream du monde merveilleux de l'indé.
Un disque presque trop fort et un départ foudroyant, qui allaient forcément compliquer la tâche du tandem au moment d'amorcer la suite et le virage en épingle du second album. Après avoir ouvert pour les plus grands, joué dans des festivals du monde entier et devant les publics de M.I.A., Beck, Radiohead ou Paul McCartney, MGMT redescend de son nuage en 2010 à la sortie de "Congratulations". L'album est bon mais moins accessible, et - c'est sans doute là que le bât blesse - manque des singles fédérateurs que comportait son prédécesseur.
En 2013 vient "MGMT", troisième plaque du groupe, cette-fois éponyme. Si on apprécie les mélodies délavées et l'électricité foutraque de morceaux comme "Alien Days" ou "Cool Song No. 2", ce nouvel album apparaît bordélique, maladroit, et son single "Your Life is a Lie" pas en mesure de rameuter les oreilles séduites à l'époque des prémices. Après l'avoir néanmoins emmené sur les routes d'Europe et d'Amérique en tournée, VanWyngarden et Goldwasser annoncent l'année suivante un pas de côté.
Mais le hiatus coupe court et, dès 2016, MGMT évoque son retour, puis le confirme l'été suivant en annonçant ce quatrième, "Little Dark Age". Un album longue-distance, façonné au rythme des échanges de mails des deux sorciers-amis éloignés géographiquement, qui se rejoignirent pour le finir et le mettre en boîte finalement. Le binôme y a choisi pour singles le titre générique "Little Dark Age", "Hand It Over" et ce génial "When You Die" au verbe revanchard, rengaine énervée délectable qui colle à l'oreille comme un chewing-gum rose à la semelle. Un morceau qui témoigne du léger virage amorcé par les deux musiciens : plus tendu, très eighties (poke les fans de The Cure), parfois new wave, un peu moins aérien… Mais un "LDA" réussi que l'on aime bien, même si l'on sait qu'il ne ramènera pas ses auteurs à leurs anciennes hauteurs.
> MGMT - "Little Dark Age", 1CD (Columbia/Sony).
