Hymne des Diables : Damso, fallait pas l'inviter...
- Publié le 09-03-2018 à 16h47
- Mis à jour le 13-06-2018 à 16h39
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Qu'est-ce qui fait une bonne décision ? A l'aune de quoi juge-t-on de la pertinence d'un choix ? Sur base des objectifs poursuivis et des motivations premières. Au regard des candidats sollicités pour interpréter l'hymne des Diables Rouges au fil des années, les envies et pré-requis de l'Union Belge sont restés les mêmes : un artiste belge, populaire, aimé des jeunes générations, avec un potentiel international et une forte puissance de frappe sur les réseaux sociaux. Un carton plein en l'occurrence quant à l'option Damso. Pourtant, ça a coincé...
Dimitri Vegas le grand frère ?
Tout avait roulé pour la Mondial en 2014, aux bons soins de Stromae, inattaquable au rayon du politiquement correct. C'était également passé comme une lettre à la poste avec Dimitri Vegas & Like Mike pour l'Euro 2016, pourtant plus discutables. Pour autant, les frangins grecs de Willebroek étaient et demeurent mascottes et Djs résidents d'un festival dont l'accès est strictement interdit aux moins de 18 ans pour des raisons liées à l'intensité des fêtes qui y sont menées, à l'usage officieux de psychotropes et à son climat de sexualité débridée. Étrange moyen d'attirer les têtes blondes vers la bannière noire-jaune-rouge et le ballon rond. Seule différence : l'absence de texte. L'endroit où, pour Damso, le bât blesse.
Pardon My French
Ces mots trop crus de Damso, ces élans de vulgarité, cette violence enfouie en lui qui ressurgit entre deux rimes et deux éclats de voix… Cette misogynie chronique qui lui colle aux baskets depuis trois ans déjà. On la connaît. Elle fait partie du personnage et de la musique qu'il pratiqua dès ses premières punchlines et balbutiements au micro ("Brouillard"/"Débrouillard"). Un vocabulaire où se côtoie le meilleur, pour qui prend la peine de creuser ou de lire les textes dans leur entièreté, et le pire, qu'on ne peut décemment cautionner. L'Union Belge pouvait-elle l'ignorer ? A-t-elle découvert leur teneur cette semaine ? Ou, aveuglée par le potentiel de paillettes, l'UB s'est-elle dit que ça passerait…? Raté.
Personne ne remet en cause la carrière des légendaires punks anglais The Sex Pistols, mais il eut été incompréhensible de les convier sur scène à la garden party de l'anniversaire de la Reine. Ce n'est donc pas sur William Kalubi – de son vrai nom – qu'il faut pointer le viseur, mais plutôt sur la maladresse d'un choix. Celui du rap était sans doute trop clivant. L'ignorance de ses codes actuels un élément sûrement déterminant.
Car la branche musicale de la culture hip hop actuelle est peuplée de Damso, de moindres plumes, talents et flows. Les rappeurs au verbe sale sont aujourd'hui légion, et la plupart d'entre eux n'ont pas la moitié de son cerveau. Il aurait été capable d'écrire un morceau "propre", ou du moins adapté au sujet et fédérateur. L'extrait de "Humains", dévoilé sur la toile par Damso et supposé être partie de l'hymne décommandée, en atteste. Un ersatz de texte qui, loin de la consensualité, parle d'universalité et d'identité. Mais, quoi qu'il en soit, craindre que cet hymne eut pu mener les enfants vers Damso est une douce illusion, ils y sont depuis belle lurette, et le seul bouclier utile dans ces cas-là, c'est l'éducation.