Mustii lance sa bouteille à la mer
Avec 21st Century Boy, le Bruxellois livre un premier album pop et ambitieux qui résonne comme un appel à l’aide.
- Publié le 22-10-2018 à 00h00
- Mis à jour le 20-11-2018 à 10h21
:focal(1043x529:1053x519)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/37VQVKAEWZA5TE2FQKNUYAK5DQ.jpg)
Avec 21st Century Boy, le Bruxellois livre un premier album pop et ambitieux qui résonne comme un appel à l’aide. Vous connaissez certainement le visage de ce jeune chanteur qui, avant toute chose, est comédien. Parallèlement à ses films, séries - notamment La Trêve saisons 1 et 2 - et pièces, Thomas Mustin, alias Mustii, a développé une carrière de chanteur. Depuis 2015, on peut déjà l’entendre sur nos ondes et le voir sur scène. Mais en cette fin d’année 2018, après une poignée de singles et un EP sorti en 2016, le voici qui débarque avec son premier album, 21st Century Boy . Nous avons rencontré ce touche-à-tout dont les concerts affichent presque tous complet.
Comment définiriez-vous votre style et a-t-il évolué entre l’EP et cet album ?
"Entre l’EP et l’album, il y a pour moi une grosse différence. Le premier était plus électro, le second est plus pop. On a été plus loin dans la production, il y a plus d’emphase. C’est plus épique aussi. Avant, c’était plus électro et j’aimais un peu moins. Je ne le regrette pas du tout mais je me sens beaucoup mieux maintenant. Même au niveau des influences, j’ai plus pris le temps de bosser et j’ai l’impression que l’album est plus varié. Forcément, douze titres, ça permet de voyager un peu plus. Le son et l’histoire sont plus construits. L’EP, c’était plus une succession de chansons électro-pop, une espèce de première carte de visite."
Aviez-vous une idée précise de ce à quoi devait ressembler ce disque ?
"J’ai voulu travailler sur un fil rouge. Ce n’est pas un album-concept mais il y a un point de vue qu’il n’y avait pas spécialement dans l’EP. L’idée est d’avoir écrit chaque chanson à la première personne du singulier, c’est une sorte d’alter ego, de personnage qui parle. Dans la musique, je voulais qu’il y ait un contraste dans les textes qui sont de l’ordre de l’intime, du journal intime du personnage. La musique, au contraire, est plutôt grandiloquente, avec des envolées et une place importante accordée à la voix. Je suis très fan de Florence + The Machine par exemple, même en live, c’est un modèle ultime. Son deuxième album, Ceremonials , a été une grosse influence parce qu’il y a ce côté très cathédrale."
En écoutant les paroles, on se rend compte qu’il y a une vision assez pessimiste de ce XXIe siècle.
"L’idée c’était, qu’en contraste avec ça, la musique vienne redonner la vie là où elle disparaît peut-être un peu. Ça aurait été très redondant si j’avais pris un quatuor à cordes ou fait un truc en mode mineur tout le temps, on aurait été dans la lourdeur. L’idée était de donner une pulsion de vie, dans la forme en tout cas, par la musique, à des textes effectivement qui ne sont que des aveux d’inquiétude. C’est presque thérapeutique, un appel à l’aide. 21st Century Boy , la chanson éponyme de l’album, c’est un appel à l’aide. Il dit qu’il ne se sent pas en phase avec les autres et qu’il a juste besoin, soit d’une épaule, soit de quelqu’un. La première question qu’il pose c’est : Est-ce que vous resterez avec moi ? C’est le ton de l’album. Ça ne veut pas dire que c’est pessimiste. Enfin si, ça l’est un peu mais le but n’est pas de déprimer les gens. Ce sont des questions ouvertes. Il y a ce mélange entre la forme et le fond où le pessimisme parfois diminue. Ça, je l’ai pris d’un sentiment que je n’ai plus maintenant parce que je n’ai pas l’impression d’être trop pessimiste. Cela vient plus de l’enfance où je ne me sentais pas en phase. Je ne comprenais pas grand-chose aux autres ou les autres ne me comprenaient pas, je ne sais pas. Résultat, je n’étais pas très intégré et je voulais reprendre tout ça exposant dix et le mettre dans la tête d’un adolescent. Je voulais cette idée d’avoir un pied en dehors du monde."
Au four et au moulin
Devant les caméras, sur les planches et derrière un micro, Mustii est partout. Comment parvient-il à gérer tout cela ? "C’était mon rêve de me dire qu’en tournage je pourrais écrire ou composer. T’as ton matos, tu bosses. L’idée m’enchante à fond mais je n’ai jamais réussi. Jamais ! J’étais parti tourner à Paris pendant un mois et demi et j’avais pris des trucs avec pour écrire et travailler. Je ne les ai pas touchés une seule seconde. Soit le rythme du tournage est trop lourd et, quand tu rentres, tu n’as qu’une envie, c’est de te mettre au lit et regarder des séries ou de t’aérer, de prendre un verre. J’ai vraiment du mal à mêler les choses. Quand c’est un bloc théâtre ou cinéma, ce n’est que ça. Sauf s’il y a un concert. Ça m’est déjà arrivé de tourner la journée et d’avoir un concert le soir. Mais le processus d’écriture, c’est très compliqué quand tu n’as pas l’esprit complètement libéré. Si je suis préoccupé par un tournage, il n’y aura pas la place pour faire naître des trucs. L’envie y est mais je n’y suis jamais arrivé. Peut-être un jour…"
Mustii l’angoissé
Quand on lui demande si la sortie de son album l’angoisse, Mustii répond sans équivoque : "Je suis un vrai angoissé dans la vie, comme dans l’album (rires)." Son concert, donné vendredi dernier à l’Ancienne Belgique, le stressait particulièrement.
Au niveau des attentes, le chanteur fait preuve d’ambition et challenge. "Mon attente c’est d’aller chercher des gens qui avaient peut-être des a priori ou ne connaissent pas bien. Ce projet est encore jeune, il n’y a eu qu’un EP avant ça. Pour ça, le live est hyper-important. J’adore les concerts où je vois des gens dans le public qui viennent un peu dans l’expectative. Ça se voit dans les yeux, sur leur visage, le changement quand ils sont pris. C’est le meilleur moment. C’est du charbon pour moi, c’est un moteur."
En concert
Mustii est à voir sur scène le 26/10 à l’Eden (Charleroi), le 9/11 au Palace (La Louvière), le 10/11 à la Maison de la Culture (Marche-en-Famenne), le 17/11 au Reflektor (Liège), le 7/12 à la Ferme du Biéreau (Louvain-la-Neuve) et le 23/2 à nouveau à l’Ancienne Belgique (Bruxelles).