Retour du mariage : Mazzonis reprend son "Matrimonio segreto"
- Publié le 25-10-2018 à 14h03
- Mis à jour le 25-10-2018 à 14h04
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Mazzonis reprend son "Matrimonio segreto". La soirée est longue.Certes, il ne viendra à l’idée de personne de comparer Domenico Cimarosa (1749-1801) à Mozart, et son Matrimonio segreto, créé en 1791 - l’année de la mort de son cadet - ne tient pas un instant la comparaison avec Le Nozze di Figaro ou Cosi fan tutte. Ni par le livret simpliste ni par la partition redondante. Et on se dit que, avec pareil argument, Rossini aurait fait, deux décennies plus tard, une farce en un acte autrement percutante. Il n’empêche : la reprise par l’ORW de sa production du célèbre opéra de ce petit-maître vénitien n’a rien de passionnant.
Créé en 2008, le spectacle avait été un des premiers signés par Stefano Mazzonis. Il a été reproduit à l’identique, avec les décors très classiques de Jean-Guy Lecat et les beaux costumes de Fernand Ruiz, mais aussi avec un premier degré qui semble parfois gênant aujourd’hui - le directeur de la maison liégeoise a heureusement progressé comme metteur en scène depuis. Le comique purement visuel, les accessoires de clowns, les maillots de foot ou le continuo qui joue Valeureux Liégeois ou la chevauchée des Walkyries, il faudra être indulgent pour rire. Et, surtout, pour ne pas s’affliger de la vulgarité consternante de certaines scènes, comme celle entre Paolino et Fidalma.
On attendait beaucoup des débuts dans la fosse d’Ayrton Desimpelaere, qui fut souvent assistant à l’ORW. Le jeune chef belge témoigne d’un grand professionnalisme, tient bien son plateau et coordonne presque parfaitement - sous réserve d’une balance sonore qui couvre parfois certaines voix - fosse et scène. Mais la conception musicale reste des plus traditionnelles, routinière même parfois, et on regrette la dynamique qu’avait pu insuffler dans la même œuvre Giovanni Antonini en 2008. On peut certes ne pas aimer le radicalisme du fondateur du Giardino Armonico, mais fallait-il pour autant opter pour une tranquillité façon Scimone ?
Bravo les Belges
De la distribution presque entièrement renouvelée (seule Mario Cassi était déjà le Comte Robinson alors), on saluera avant tout les deux Belges : Patrick Delcour, habitué des lieux qui éblouit cette fois dans un rôle plus substantiel (Geronimo), et Sophie Junker, éblouissante Elisetta qu’on aimerait plus souvent prophète en son pays. Coup de chapeau aussi à Céline Mellon : le timbre de la soprano française n’est pas le plus séduisant, mais la virtuosité, la projection et l’intonation font sensation dans le rôle de Carolina.
Liège, Théâtre Royal, les 25 et 27 octobre ; Charleroi, Palais des Beaux-arts, le 7 novembre ; www.operaliege.be