Bon, il vaut quoi ce nouvel album de Michel Polnareff ?
- Publié le 29-11-2018 à 00h00
- Mis à jour le 04-12-2018 à 15h35
:focal(2495x1255:2505x1245)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/57HGEPYHBZCX3LJXMQDZLYNKRQ.jpg)
Enfin ! Enfin… c’est eux qui le disent, lui, Michel Polnareff, et sa maison de disques universelle… Enfin ! qui fut annoncé pour l’automne 2014, puis pour le début 2016. Polnareff, 74 ans, roi la provoc’ et champion de la mélodie, un début de carrière fulgurant, la suite en dents de scie. Pendant plusieurs mois, entre 2014 et 2015, on le savait au studio ICP à Bruxelles, remettant sans cesse l’ouvrage sur le métier, peaufinant à l’infini…
Enfin quoi, ce dixième album studio en cinquante ans de Michel Polnareff ? Magnifique, non pas du début à la fin, mais au début et à la fin, à l’intro et à l’autro, Phantom et Agua Caliente, deux instrumentaux de haute volée. Phantom (of the Opera ?) rappelle les musiques de film très enlevées dont Polna est capable, comme celles de La Folie des grandeurs (1971) ou de La Vengeance du serpent à plumes (1984). Petit film elle-même, cette suite orchestrale de quasi 11 minutes trouve son répondant à la coda, avec une Agua Caliente de chez caliente.

Entre les deux, il y a à écouter et souvent à oublier. Comme sur scène en 2016, on dirait que Polna se prend pour Johnny. Mais n’est pas Johnny qui veut, et Sumi, Ophélie flagrant des lits ainsi que Longtime tombent à l’eau sans repêchage possible. Idem pour Positions qui, en écho à Kâma Sûtra (1990), ne vaut que par son orchestration jazz sur un rythme joliment tordu que n’aurait pas renié un Dave Brubeck. Au moins, l’on pourra dire que Michel Polnareff a fait swinguer le Brussels Jazz Orchestra !
Dans un sens, Longtime est une chanson vérité où il dit “J’trouve pas les mots pour cette chanson-là, chaque jour j’écris n’importe quoi…” Outre une rock’n’roll attitude forcée, il y a ces textes indigents, pas drôles, Terre Happy, L’Homme en rouge… En son centre, cet album recèle pourtant deux perles, Grandis pas, où l’on retrouve la brillante élégance du piano, la majesté de la voix, et Louka’s Song, autre instru sur un rythme endiablé à la Elton John. Deux petits bijoux que Polnareff dédie à son fils Louka, 7 ans.
Voilà donc Enfin !, dont on retiendra l’immense mélodiste, pianiste, orchestrateur et arrangeur que reste son auteur. Mais, à force de se faire attendre, on n’est plus si attendu que ça. 28 ans après Kâma Sûtra, c’est un quitte ou double pour Michel Polnareff. Les moussaillons seront-ils au rendez-vous de l’Amiral ? En cas d’échec commercial, Enfin ! signerait le naufrage de sa carrière phonographique.
Enfin !, Michel Polnareff, Universal Music.
