Polnareff : "Mon expérience musicale bruxelloise n’a pas été très fructueuse"

Michel Polnareff a une réputation à tenir. Quand nous appelons son entourage à 23h pour réaliser l’interview prévue de longue date, pas de Michel en vue. On nous demande poliment de “ rappeler dans une heure et demie”, puis une nouvelle heure plus tard, et encore une. Au beau milieu de la nuit, on sent venir le mauvais coup de l’artiste le moins ponctuel de la planète, planqué dans un hôtel de Las Vegas, où il assure la promo d’un album que plus personne ne s’attendait à voir sortir. Puis, à 3h du matin, le téléphone sonne…. “ Salut, c’est Michel”, nous lance-t-il d’une voix enjouée. “ Désolé hein, avec ce décalage horaire, c’est l’enfer pour tout le monde”. L’artiste s’est fait désirer, mais ne déçoit pas, et se montre même agréablement bavard.

Michel Polnareff a une réputation à tenir. Quand nous appelons son entourage à 23h pour réaliser l’interview prévue de longue date, pas de Michel en vue. On nous demande poliment de “rappeler dans une heure et demie”, puis une nouvelle heure plus tard, et encore une. Au beau milieu de la nuit, on sent venir le mauvais coup de l’artiste le moins ponctuel de la planète, planqué dans un hôtel de Las Vegas, où il assure la promo d’un album que plus personne ne s’attendait à voir sortir.

Puis, à 3h du matin, le téléphone sonne…. “Salut, c’est Michel”, nous lance-t-il d’une voix enjouée. “Désolé hein, avec ce décalage horaire, c’est l’enfer pour tout le monde”. L’artiste s’est fait désirer, mais ne déçoit pas, et se montre même agréablement bavard.

Ça y est, après 28 ans, vous le sortez ce fameux album du retour. Vous êtes soulagé ou anxieux ? Bon ben, on est toujours un peu stressés quand même. Ça a été beaucoup de travail. Mais on est très contents des premières réactions. Qu’est-ce qui a pris autant de temps, finalement ? On a tendance à l’oublier, mais énormément de choses se sont passées. Les tournées m’ont freiné, puis j’ai eu mes ennuis de santé fin 2016, où j’ai quand même failli y rester. (Atteint d’une embolie pulmonaire, le chanteur a annulé les dernières dates de sa tournée, NdlR). Et je suis désolé, mais je dois bien reconnaître que mon expérience bruxelloise n’a pas été très fructueuse d’un point de vue musical. Les Belges ont toujours été exceptionnels en jazz. Django Reinhardt et le saxophone sont nés chez vous, et j’ai voulu profiter de cette grande histoire en enregistrant avec des musiciens belges à Ixelles, notamment le batteur et le contrebassiste de Toots Thielemans. J’ai gardé les musiciens sur l’album. Mais tout le reste a été jeté. Je n’ai rien conservé des dix-neuf mois passés chez vous. Il y a eu trop de petits problèmes techniques, de son, d’ingénieurs,… Ça n’a pas été productif.


Le résultat que l’on entend aujourd’hui a été enregistré où et quand ? Je suis reparti à Los Angeles où j’ai travaillé avec un ingénieur son extraordinaire, Ryan Freeland, qui a eu six Grammy Awards, et qui m’a fait passer à la vitesse supérieure. Ce qui m’a permis de ne pas encore être en studio à me demander comment terminer cet album à l’heure où je vous parle. La pression s’accentuait ces dernières années, vous y étiez sensible ? Certains fans écrivaient : “ Tu nous as promis un disque, quand est-ce que tu le sors ?” Mais, on ne peut pas promettre un album avant de savoir s’il est bon ou pas. Excusez-moi de me comparer, mais est-ce que pour la Chapelle Sixtine, les gens ont dit : " Hé là, attendez ! Michel-Ange nous avait promis que ce serait fini à temps" ? Il a pris dix ans de plus, mais elle est pas mal la chapelle Sixtine, au final. Si on est un créateur sérieux, on ne peut pas promettre telle chose à telle date, ce n’est pas possible. Si le public se dit “putain, ça valait le coup d’attendre”, on oubliera le temps qu’il m’a fallu pour le sortir. Les gens ont dit que j’étais en panne, à sec, mais je n’ai jamais eu autant d’inspiration. Je n’avais juste pas envie de sortir de disque à ce moment-là.


Quelle direction musicale avez-vous voulu prendre ? Si vous l’avez écouté, vous savez que c’est un album multifacettes, un album à thèmes, qui représentent un peu tout ce que j’aime, ma façon de jongler entre les styles. Musicalement c’est pareil, je pars dans toutes les directions. Sur Phantom, je suis au piano avec un orchestre symphonique. Ça montre mon côté classique, mais il y a aussi du jazz, du rock’n’roll, de la pop. C’est une Tour de Babel ce disque. Vous avez longtemps incarné la revendication d’une certaine liberté, la volonté de bousculer les codes. Est-ce encore le cas aujourd’hui ? Je pense que les sujets compliqués ne manquent pas. On a les problèmes climatiques, sociaux,… En France, 9 millions de personnes vivent sous le seuil de pauvreté. Mais je ne suis pas là pour inquiéter. Je pense au contraire que je suis utile en faisant exactement l’inverse : en proposant du bonheur et de la joie, pour emmener les gens qui ont des soucis vers le haut, et leur faire oublier leurs inquiétudes le temps d’une chanson. Vous savez, la musique n’a jamais été aussi gaie qu’en temps de guerre. On écoutait du Glenn Miller et on faisait danser les gens, quand d’autres se battaient. Sur L’homme en rouge, vous chantez "Tout le monde mérite d’être heureux, pourquoi pas moi". Cela vous concerne-t-il toujours, à 74 ans ? Non, il ne faut pas confondre une chanson avec mon vécu. C’est une chanson qui s’adresse à celui qui l’écoute. Je déteste Noël, parce que c’est une période de grande solitude. Des gens sont seuls parce que leur femme les a quittés, d’autres ne savent pas acheter de cadeaux à leurs enfants. Cette chanson parle de cela, de cette douleur, et des mensonges sur le Père Noël.


Vous avez eu une carrière aussi passionnante qu’agitée… Quel regard portez-vous sur ce parcours ? Un regard serein. Parce que je suis père, d’abord, mais aussi parce que je pense ne jamais avoir triché, avoir toujours fait les choses auxquelles je croyais. J’ai remué pas mal de choses au début de ma carrière, et j’ai malheureusement l’impression qu’on est un peu entrain de revenir en arrière, dans le politiquement correct, qui fait qu’on s’autocensure inconsciemment. C’est une erreur, il faut pouvoir dire ce que l’on pense. Est-ce que cet exil forcé, cette vie entre deux cultures n’a pas été stimulant, finalement ? Dites, j’ai pas mal d’humour, mais je ne vais quand même pas remercier M. Bernard Seneau (ancien homme de confiance de l’artiste, NdlR) de m’avoir escroqué, et la France de m’avoir chassé. Je dis toujours que je n’ai pas quitté la France, c’est elle qui m’a quitté. J’y retourne avec plaisir, aujourd’hui, mais en tant que touriste.


Vous êtes encore dans un hôtel, là… C’est un peu votre caverne à vous ? Non, non, non… Je ne supporte plus du tout les hôtels, je les ai complètement pris en grippe, parce qu’effectivement j’y ai passé de longues périodes de ma vie. Là, c’est juste parce que je suis en déplacement et que je n’ai pas de maison à Las Vegas. On vous annonçait en concert en 2019 dans Le Fantôme de l’Opéra et même dans le film Podium 2, qu’en est-il ? Je n’ai aucune nouvelle du Fantôme de l’opéra, qui porte donc très bien son nom, et j’ai appris que Podium 2 ne se ferait pas finalement. Mais je vais tourner, même si les dates ne sont pas encore définies.

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