Les "Pêcheurs de perle" de Bizet dans un environnement glauque
- Publié le 20-12-2018 à 09h01
L’Opéra flamand transpose "Les Pêcheurs de perles" dans une maison de repos.Du grand n’importe quoi ! La première mise en scène lyrique du collectif théâtral flamand FC Bergman démontre par l’absurde un des travers de l’opéra aujourd’hui : prendre un opéra du XIXe, le dépouiller de ses particularismes, ne garder que la musique et les personnages et reconstruire une autre réalité qui se réfère à notre époque. Tout doit du coup rentrer dans le concept et, si c’est laid, c’est mieux encore.
Formica et lampes d’autoroute
Or donc, puisque Les Pêcheurs de perles de Bizet conte la rivalité de deux amis confrontés au retour d’un amour passé, cap sur le quatrième âge ! Plus de Ceylan mais une maison de retraite bien glauque avec tables de formica, éclairage de lampes d’autoroute, morgue attenante et même une salle pour la toilette des cadavres. Zurga et Nadir sont des vieillards, et Léïla leur revient à l’état de momie parlante sur une chaise roulante portée comme un cercueil. Pour illustrer le passé, une des facettes du décor tournant propose un bout de mer de carton autour de laquelle évoluent des doubles muets (et jeunes) des trois protagonistes.
Si Elena Tsallagova incarne une très honnête Léïla, Stefano Antonucci (Zurga) et même l’ordinairement excellent Charles Workman (Nadir) sont à la peine dans le registre supérieur. Et la prononciation française des trois rend le texte peu compréhensible. Seul rescapé du naufrage : le jeune chef belge David Reiland, qui rend justice à Bizet en respectant le mélange de suavité et de puissance, mais aussi la part de couleur locale qui font le sel de sa partition. C’est lui, bien plus que les metteurs en scène, qu’on espère retrouver très vite à l’opéra.Nicolas Blanmont
>>> Anvers, Opéra, jusqu’au 31 décembre ; Gand, Opéra, du 12 au 24 janvier ; www.operaballet.be.