Dominique A, Le yin et le yang de la création
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Publié le 25-01-2019 à 13h35
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Le chanteur, compositeur français a sorti deux superbes albums en 2018. Retour sur vingt-cinq ans de carrière hors des sentiers battus. Et rencontre intimiste avant ses deux concerts bruxellois.
En 2018, Dominique A, qui fêtait ses 50 ans, a sorti deux albums. Un au printemps, Toute latitude, et l’autre en automne, La Fragilité. Ses 11e et 12e disques. Fidèle à sa réputation de toujours sur le métier remettre l’ouvrage, il a construit le premier sous influence synthés vintage quand il a habillé le second d’atours acoustiques. On pourrait tout autant les compartimenter dans d’autres registres. Le premier en groupe dans un studio, le second, en solitaire à la maison. À la base, Dominique A avait en tête de publier, cette année 2018-là, quatre albums, un par saison - le projet, trop ambitieux, n’a pas été retenu. Les deux autres, l’auteur, compositeur et interprète les aurait déclinés dans les genres spoken word et noisy pop. Cela peut toujours venir... Concernant sa manière de travailler, l’artiste n’a de cesse de commenter : "Chaque album est censé être le frère ennemi du précédent."
Renouveau de la chanson en français
Il y a plus de 25 ans, Dominique A allait décomplexer une génération de chanteurs qui n’attendaient qu’un mentor pour éclore. Rétrospectivement, il est perçu comme le chef de file du renouveau de la chanson en français. Débarqueront à sa suite Miossec, Cali, Mickaël Furnon (Mickey 3D), Bertrand Belin ou Vincent Delerm, pour ne citer qu’eux.
Dominique Ané de son vrai nom, qui a grandi à Provins, en Seine-et-Marne, se fait remarquer en 1991 quand, après avoir enregistré Un disque sourd (avec des moyens rudimentaires : petit clavier, boîte à rythmes, quatre-pistes), il le fait parvenir à 150 journalistes. Une façon de procéder inhabituelle à l’époque - c’était il y a plus de 25 ans quand même - qui surprend. Séduit, Arnaud Viviant, critique à Libération, lui promet un portrait dans le quotidien français pour autant que l’album soit distribué. Ce sera chose faite quand un des amis de Dominique A monte le label Lithium. Son véritable premier album, La Fossette, y est signé, reprenant des morceaux d’Un disque sourd.
Attiré par l’énergie de la musique anglo-saxonne (adolescent, il écoute du post-punk et de la new wave), il s’en laisse imprégner tout en voulant préserver le goût des paroles en français. Un héritage de son enfance quand ses parents écoutaient de la chanson française de qualité - entendez Brel, Ferré et Cie. Il s’attire ainsi les faveurs des amateurs de chanson ET de rock.
Victoire de la musique
Assez vite, celui qui n’est pas du tout à l’aise avec la notoriété joue les trublions lors de l’édition 1996 des Victoires de la musique à Paris. Nommé dans la catégorie "révélation masculine de l’année", il interprète "Twenty-two Bar" en modifiant les paroles devant les professionnels présents ce soir-là : "À la télévision française, je chantais, je ne sais plus pourquoi c’était, les gens en face de moi dormaient…" En 2012, il nous confiait ne pas regretter son attitude. "Cela m’a permis de me placer, de me situer par rapport à mes envies, à ce que je voulais défendre, d’avoir une carrière sur le long terme."
Ses douze albums studio en témoignent. Le chanteur au vibrato androgyne cisèle ses textes comme un orfèvre son bijou, travaille ses musiques guidé par l’envie d’"aller là où personne ne vous attend, pas même vous-même".
S’il aborde les grands espaces sur Eléor, ce n’est que logique qu’il emprunte les chemins de traverse pour le suivant, Toute latitude. Très exigeant, l’homme teste, expérimente des formes nouvelles, se remet en question avant de finaliser une approche sans jamais céder à une logique commerciale. L’idée de l’orchestre à vents sur Vers les lueurs lui est venue parce qu’il avait envie de rompre avec la tradition des cordes.
En 2013, les Victoires le consacrent meilleur interprète masculin de l’année. Une récompense amplement méritée pour ce Breton mélancolique qui arrive souvent à être là où on ne l’attend pas. Un artiste...
Deux albums : Toute latitude et La Fragilité (Wagram Music/Cinq 7).
En concert : le vendredi 25 (sold out) et le samedi 26 janvier (sold out) au Botanique de Bruxelles. Ensuite au centre culturel de Soignies le 22 février, à la Kulturfabrick à Esch-sur-Alzette (Luxembourg) le 23 février et au Trocadéro à Liège le 28 février.