Plaisirs transgressifs de "La Gioconda" à la Monnaie

Une lecture débordante du chef-d’œuvre de Ponchielli. Âmes sensibles et raffinées, s’abstenir.

Nicolas Blanmont

Une lecture débordante du chef-d’œuvre de Ponchielli. Âmes sensibles et raffinées, s’abstenir. Grâce en soit rendue à Walt Disney et à son Fantasia, La Gioconda de Ponchielli est le seul opéra du répertoire que l’on n’oserait pas jouer aujourd’hui sans son ballet : les hippopotames en tutu sur la Danse des heures sont gravés dans notre inconscient collectif. Pour la nouvelle production de l’œuvre à la Monnaie - la première depuis 1939 ! - ce sont de très classiques danseurs qui évoluent sur la célèbre partition, mais on les voit notamment violer une infortunée danseuse aux quatre coins du pédiluve qui recouvre toute la scène de la Monnaie (La Libre du 30 janvier). Ce n’est toutefois qu’une outrance parmi nombre d’autres dans la mise en scène d’Olivier Py qui n’en manque pas : tout au long de la soirée (un peu plus de trois heures, entracte compris), on aura vu une belle galerie d’attributs virils, un (faux) bébé éventré, une pluie de feu, un décor en forme de perspective sans fin avec des cases blanches qui descendent des cintres (on les dirait recyclées du Lohengrin du même Py), une tête de cochon et une tête de mort et, surtout, reproduit dans toutes les tailles, un masque grimaçant qui évoque plus le Joker de Batman que l’esthétique du carnaval de Venise.

Pour accéder à cet article, veuillez vous connecter au réseau internet.
Vous êtes hors-ligne
Connexion rétablie...