Cardillac, le joaillier assassin

Jurowski et Joosten dans une brillante production d’un opéra d’Hindemith.

Nicolas Blanmont
Cardillac
Cardillac

Jurowski et Joosten dans une brillante production d’un opéra d’Hindemith.C’est une œuvre rare. Un de ces ouvrages du début du XXe siècle dans la lignée des Zemlinsky ou Korngold récemment proposés par l’Opéra flamand. Un de ces opéras effacés de l’histoire de la musique parce que jugés trop modernes par les nazis (qui le classèrent dans la musique dégénérée) et pas assez modernes par ceux qui allaient, après la Seconde Guerre mondiale, décréter la seconde école viennoise, atonale et dodécaphonique, comme seule légitime. Paul Hindemith (1895-1963) avait à peine 30 ans quand ce Cardillac fut créé en 1926 à l’Opéra de Dresde et, si l’on ne joue plus beaucoup sa musique aujourd’hui, l’œuvre semblait prédestinée pour le public anversois : inspirée de Mademoiselle de Scudéry, une nouvelle du fameux E.T.A. Hofmann, elle conte le destin de René Cardillac, orfèvre très réputé dans le Paris de Louis XIV, et dont les clients sont mystérieusement assassinés et délestés de leurs bijoux. On découvrira peu à peu que Cardillac est lui-même le tueur en série, à ce point fasciné par ses propres créations qu’il ne parvient pas à s’en séparer. Pour cette création en Flandre, Dimitri Jurowski est de retour, retrouvant la parfaite symbiose et la rondeur sonore qui l’unissent à son ancien orchestre. Sans être exceptionnelle, la distribution est très satisfaisante : on peut mégoter sur l’intonation de certaines attaques de Simon Neal, mais son incarnation de Cardillac est impressionnante théâtralement et par son endurance - les trois actes sont ici donnés sans entracte.

Pour accéder à cet article, veuillez vous connecter au réseau internet.
Vous êtes hors-ligne
Connexion rétablie...