Eddy De Pretto, le rappeur-poète reparti bredouille des Victoires de la musique
- Publié le 09-02-2019 à 14h20
- Mis à jour le 07-03-2019 à 10h33
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J’ai toujours tout fait pour être le moins différent possible, me fondre dans la masse, être invisible”, nous confiait Eddy De Pretto il y a quelques mois. “En montant sur scène pour chanter des chansons impudiques, aujourd’hui, je suis conscient de faire l’inverse.” À 25 ans à peine, ce petit blanc maigrichon, homosexuel et timide s’est hissé de la banlieue pour s’installer au sommet de la chanson française. Plus proche de Barbara que de Booba, mais fondamentalement inspiré par leurs deux univers, Eddy De Pretto a su créer sa propre voie. D’aucuns parlent de rap, d’autres de poésie, lui, préfère mettre en avant ses textes, ses récits, son histoire, dont le nouveau chapitre aurait dû s’ouvrir sur une victoire vendredi soir. Nommé dans les catégories meilleur artiste masculin, meilleur album de musiques urbaines et performer live de l’année aux Victoires de la Musique, le gamin discret de Créteil est curieusement reparti les mains vides.
Eddy De Pretto naît au bon moment, au mauvais endroit : la banlieue sud-est de Paris qui lui donne “une certaine rage”, l’envie de se dépasser pour en sortir, sans se renier. Papa est camionneur, maman technicienne de laboratoire et aucun des deux “ne fait dans la démonstration affective ou la chaleur humaine”.
Pas vraiment porté sur le sport, le petit bonhomme se révèle à 12 ans au théâtre, au chant, au piano, apparaît dans quelques pubs et courts-métrages, et se fait remarquer quelques années plus tard en remportant plusieurs prix “découverte” avec ses premières compositions musicales. Sa musique, c’est lui, ses craintes, ses amours, ses galères et tout ce que peut ressentir un homosexuel de 24 ans dans un monde de durs, où la virilité n’est pas une vertu mais une évidence. “Kid”, un premier opus, le révèle en 2017 en France. Ses prestations, justes et intenses, en font l’artiste à ne pas manquer, et le chanteur confirme tous les espoirs placés en lui en sortant l’album “Cure”, début de l’année passée. Une merveille de poésie urbaine qui fait parfaitement le lien entre la chanson d’hier et ce qu’elle est aujourd’hui. Chapeau bas l’artiste, peu importent les prix, Eddy a déjà gagné.