Avant l'OPRL, baptême du feu pour Gergely Madaras à Bozar
- Publié le 04-03-2019 à 11h07
- Mis à jour le 04-03-2019 à 11h09
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Avec une création de Boesmans et le "Daphnis et Chloé" de Ravel.En septembre 2019, le Hongrois Gergely Madaras, 34 ans, succédera à Christian Arming au poste de directeur musical de l’Orchestre philharmonique royal de Liège. Et le moins qu’on puisse dire est que, pour sa première apparition officielle (suivie à Bozar le 1er mars), le futur chef de l’OPRL n’a pas eu froid aux yeux. Non content d’empoigner à bras-le-corps le colossal Daphnis et Chloé de Ravel, il a assuré la création mondiale de Fin de Nuit, pour piano et orchestre, de Philippe Boesmans. Pas même une ouverture en guise de galop d’entraînement : public et orchestre entrèrent directement dans le vif du sujet (le pianiste interviendra plus tard).
Composée à Aix-en-Provence durant les répétitions de Pinocchio, en 2017, cette Fin de Nuit est du Boesmans de la plus belle eau, où la réminiscence fondatrice est omniprésente, centrée sur les émotions de l’enfant Philippe découvrant à la radio les grands concertos romantiques. Pas de "moustique érotique", pour une fois, mais la rauque douceur de la trompette bouchée pour scander les différentes sections d’une pièce semblant émerger des profondeurs du sommeil (les cordes se font entendre peu à peu, des contrebasses aux premiers violons, soutenues par la harpe).
La lumière des petites percussions signera à la fois le réveil et l’entrée du piano sensuel, percussif, coloré, lyrique à ses heures et magnifiquement conduit, de David Kadouch. Onirisme d’un chavirant "ralenti" central, fureur motorique, déploration mélancolique, tout cela mènera à une coda récapitulative que le soliste soutiendra en mode paroxystique mais contrôlé, pouvant compter sur les points d’appui d’un jeu très construit.
Ce qui, vendredi, ne fut pas toujours le cas de l’orchestre, précieux dans les ambiances et les couleurs mais parfois flottant sur le plan rythmique.
Organicité à trouver
C’est cette même réserve que l’on adressera à Daphnis et Chloé, symphonie chorégraphique (plus chic que "musique de ballet") de Ravel, pour laquelle l’orchestre fut rejoint par l’excellent Chœur de Radio France.
Tout est ici dans l’évocation, les sensations, les timbres, suivant un déroulé narratif pour lequel la richesse sonore va de pair avec la précision. S’il est clair qu’en termes d’organicité et de pulsation commune beaucoup reste à faire, le jeune chef et ses troupes - près de 150 personnes - offrirent des moments intenses, portés par la maîtrise des chanteurs (avec des passages a cappella redoutables) et le raffinement des nombreuses interventions solistes.