La Reine Olga
Olga Pertyatko souveraine en Anna Bolena de Donizetti donné à Liège.
- Publié le 11-04-2019 à 08h09
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Olga Pertyatko souveraine en Anna Bolena de Donizetti donné à Liège.Hormis une exécution en concert en 1982, Liège n’avait jamais accueilli Anna Bolena. Et le reste du public belge était en manque depuis la production scénique donnée avec Nelly Miricioiu et Martine Dupuy à la Monnaie en 1993. C’est dire que le premier des trois opéras consacrés par Donizetti aux Tudor Queens est une rareté, et cela même suffit à justifier le voyage à Liège. D’autant que la musique est splendide, fût-ce au prix de certaines longueurs (rideau final à 23 h 35 !).
On a déjà décrit le spectacle en ces colonnes quand il fut créé à Lausanne (La Libre du 9 février) : les très beaux décors de Gary Mc Cann, les costumes somptueux de Fernand Ruiz et la reconstitution historique presque zeffirellienne de Stefano Mazzonis. Les contempteurs des mises en scène "modernes" trouveront ici leur bonheur, la seule (très relative) audace étant de voir, pendant le final de l’ouverture, Henry VIII présenter ses hommages de façon très appuyée à une Giovanna Seymour en tenue d’Ève. Mais il manque, à Liège plus encore qu’en Suisse, une direction d’acteurs plus ferme : pour les solistes, qui forcent certaines attitudes, mais aussi et surtout pour les chœurs, particulièrement quand ils restent en scène sans chanter. On n’en peut plus de ce faux naturel des choristes qui rentrent et sortent mollement en ordre dispersé, hochant la tête d’un air entendu ou faisant les mêmes mimiques quel que soit l’opéra et quelles que soient les circonstances. Au point, parfois, de paraître même indifférents aux tourments des premiers rôles qui s’époumonent devant eux ! Quand on sait la puissance théâtrale que certains metteurs en scène peuvent tirer des chœurs, on se dit qu’il y a là un fameux gâchis qui se répète à chaque production que signe le directeur de l’ORW.
Admiration et émotion
Le plateau est dominé par la formidable Anna d’Olga Peretyatko : port altier, technique souveraine, rondeur du timbre, homogénéité des registres, projection impeccable, la soprano russe force l’admiration, mais émeut également. À ses côtés, Sofia Solviy (Giovanna) impressionne aussi par ses moyens et sa technique, mais sans toucher véritablement. Le Percy de Celso Albelo est inégal, entre moments suaves et forte presque brutaux, puissant mais avec une intonation parfois prise en défaut. Excellent Enrico de Marko Mimica (mise en abyme vivante du portrait de Holbein), et Smeton honnête de Francesca Ascioti. La direction musicale de Giampaolo Bisanti est efficace, mais ni passionnée ni passionnante.Nicolas Blanmont
Liège, Théâtre royal, jusqu’au 20 avril ; www.operaliege.be.