Paul Severs, chouchou des Flamands
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- Publié le 11-04-2019 à 08h09
- Mis à jour le 11-04-2019 à 08h10
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Décédé mardi, le chanteur de charme a vendu un million de disques. Cinquante ans de bonheur en 300 chansons.Difficile de croire que ce fringant jeune homme allait un jour disparaître. Chouchou des Flamands, qui reconnaissent en lui le chanteur de charme depuis les années 1970, Paul Severs évoque d’ailleurs, et souvent en Flandre avec le sourire en coin, d’autres noms de chanteurs de charme tels que Will Tura, John Terra, Willy Sommers ou Bart Kaëll. On a pu le croire éternel, mais voilà qu’il y a un mois, alors qu’il faisait du vélo, il fut foudroyé par une crise cardiaque et est décédé mardi.
Sous le ciel flamand, le chanteur s’était confondu avec ces airs faciles à retenir, rythmés, harmonieux, aux paroles simples qu’on appelle des schlagers (de l’allemand schlagen, "frapper"), le plus souvent dans un registre sentimental. Ce qu’il aimait à la folie, c’était de chanter sur scène. Porté aux nues au début des années 1970, Paul Severs avait l’allure du gendre idéal. L’image nous revient d’un vrai showman très à l’aise sur scène dans son costume bariolé, portant gilet et cravate et toujours gourmand d’applaudissements, la guitare levée vers le ciel. Bart Kaëll assure qu’il s’amusait tellement sur scène qu’il fallait parfois le pousser vers la sortie pour laisser la place au suivant.
Très jeune, la vie de Paul Severs tourne déjà autour de la musique. Sa rencontre avec un franciscain du couvent à Halle lui ouvrit de nouveaux horizons… musicaux. Un signe de là-haut, assura le chanteur. Il se trouvait que le frère mineur qui dirigeait la chorale aimait le rock et les tubes des Shadows. À tel point qu’il créa un street band baptisé The Criminals qui, sans perdre de temps, se produisit aux quatre coins du Pajottenland avec des tubes d’outre-Manche en ajoutant à son répertoire des hits de Will Tura ou John Larry.
L’esprit d’une époque
Paul vit sa carrière décoller en 1967 avec le 45-tours "Meisjelief", ensuite "Ik ben verliefd op jou", chanson qu’il dédia à l’amour de sa vie, sa femme Paulette qui dansa dans ses shows. Francophone, elle le poussa à chanter en français aussi, comme dans la chanson "Je suis seul" dont les paroles résonnent ainsi : "Je suis seul sur la terre/Et mon cœur fait naufrage/Le soleil et la mer/Me renvoient ton image". Vite débordé, le frère franciscain passa la main à son ami Sylvain Tack, homme d’affaires qui fit ses choux gras grâce à Suzy Wafels. Ce manager, passionné de musique de variété, lui donna un nom, son estime, son succès, sa fortune.
Paul Severs incarnait l’esprit d’une époque. L’artiste fut aussi un croyant qui n’a pas hésité à composer et à interpréter de la musique religieuse, ce qui lui valut un record national. Car la chanson "Ieder mens", commandée par Eigentijdse Jeugd, un groupement œcuménique dans les années 1970, est considérée comme le plus grand hit de musique religieuse de tous les temps.