Ce qu’entendit Van Orley
- Publié le 13-04-2019 à 17h14
- Mis à jour le 13-04-2019 à 17h16
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Huelgas se produisait à la cathédrale des Saints-Michel-et-Gudule ; mélancolie espagnole assurée.En cette année anniversaire de la mort de Bruegel (450 ans quand même) où Bozar nous offre un portrait fouillé de Bruxelles au temps de la Renaissance, il était impensable de ne pas croiser Paul Van Nevel au détour d’une nef ou d’un transept : ce fut en la cathédrale des Saints-Michel-et-Gudule, où l’Ensemble Huelgas se produisait jeudi soir.
Sous le titre (déjà utilisé pour d’autres peintres) de L’Oreille de Bernard Van Orley, le concert était construit autour d’un peintre emblématique de cette période, auteur de tapisseries superbes destinées à Marguerite d’Autriche ainsi que de quelques-uns des plus beaux vitraux de la cathédrale.
Qu’aurait donc pu entendre Van Orley en ces lieux qu’il avait contribué à embellir ? Un florilège alla Van Nevel, partant de Clemens non Papa et aboutissant à Josquin Desprez, avec, au milieu - au cœur… - du concert, un détour inattendu et délectable par "la mélancolie espagnole à Bruxelles".
Rétrospectivement, il semble que cette mélancolie ait guidé le climat du concert, donné de bout en bout dans des nuances feutrées - voix fondues, musées parfois, dissonances effacées. Une seule soprano, au timbre mordoré, et deux altos discrètes, quelques éclats confiés au premier ténor, des basses ronronnantes : les motets (au sens large) sacrés et profanes se succédèrent dans toutes les langues, y compris un curieux latin gallican, et dans des écritures variées, mais dans un même mouvement, ou balancement ? de l’âme.
Notant, dans un Anonymous du XVIe, cette formidable trouvaille (sans doute imaginée par le chef) consistant à changer de tonalité à chaque verset.