Concours Reine Elisabeth : Pusker, artiste à suivre
- Publié le 06-05-2019 à 19h03
- Mis à jour le 06-05-2019 à 23h24
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La candidate hongroise marque la première séance des demi-finales.
C’est en présence de la Reine Mathilde que s’ouvre la première séance des demi-finales. Jean-Jacques Kantorow dirige cette année l’Orchestre Royal de Chambre de Wallonie, et les deux premiers candidats ont choisi le même concerto n° 4 en ré majeur de Mozart. L’Américain Luke Hsu, 28 ans, démarre de façon un peu nerveuse avec un vibrato large comme le Ring de Bruxelles et des attaques un peu imprécises, mais stabilise ensuite son jeu pour une lecture attachante, riche de jolies cadences qu’il signe lui-même mais avec un peu d’irrégularité persistant dans les tempis. La Japonaise Seina Matsuoka, 25 ans, suivra dans un style sage et linéaire, montrant sa technique dans les substantielles cadences de Joseph Joachim, mais… ne montrant pas grand-chose d’autre.
La Reine partie, il revient à Julia Pusker, 27 ans, de créer (avec Christia Hudziy au piano) Scherzo et Bagatelle, l’œuvre imposée de ces demi-finales. La pièce n’est pas nécessairement séduisante – tel n’est pas le cahier de charges – mais elle permet aux violonistes de faire étalage de leur technique. La candidate hongroise réussit tout à la fois à convaincre de la sûreté de ses moyens, et à insuffler une véritable expressivité, deux qualités rapidement confirmées par sa lecture de deux mouvements de la première sonate pour violon seul d’Eugène Ysaÿe, où la musique chante et respire au-delà de la seule virtuosité. Elle a opté ensuite pour la sonatine opus 100 d’Antonin Dvorak, choix original s’il en est. Son jeu est raffiné, habité mais légèrement distant dans le larghetto, léger et un peu sage dans le scherzo : manque de familiarité avec l’œuvre (qu’elle joue avec partition, ce qui est plutôt rare) ? Pusker est une aristocrate, comme le confirmera sa Fantaisie brillante sur des thèmes de Carmen, œuvre de Jeno Hubay moins vulgaire que celle de Waxman qu’on joue le plus souvent et qui a l’avantage pour Pusker d’être d’un compatriote : le résultat est techiquement souverain, et sa réserve expressive a ici l’avantage de rendre l’étalage technique plus supportable.
L’Américain Max Tan, 26 ans, livre un Ysaye un peu littéral, et son imposé de Bram van Camp, bien que démarré en mode fantasque et onirique, se perd ensuite dans un no man’s land un peu fade. Malgré l’accompagnement de Boris Kusnezow, la deuxième sonate de Brahms – opus 100 elle aussi – laissera le public sur sa faim faute d’une personnalité suffisamment affirmée.