Concours Reine Elisabeth : Silvia Huang au rendez-vous de Mozart
- Publié le 06-05-2019 à 22h46
- Mis à jour le 06-05-2019 à 23h24
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La candidate belge livre une interprétation raffinée du premier concerto de Mozart.
Cette année, le règlement du Concours Reine Elisabeth permet aux candidats de jouer le premier des cinq concertos pour violon de Mozart, le K. 207 en si bémol majeur, ce qui n’était pas le cas lors des éditions précédentes. C’est d’ailleurs le choix qu’ont posé les deux candidates de ce lundi soir, la Française Anna Göckel, 27 ans, et la Belge Sylvia Huang, 24 ans.
Le concerto n’est pas souvent joué – les cors engagés par l’ORCW pour l’occasion manqueront d’ailleurs à chaque fois leur entrée – mais il est riche de possibilités expressives. Göckel s’en empare de façon souriante et décomplexée, avec un jeu ensoleillé, nourri de l’esthétique baroqueuse et riche de contrastes. La Française témoigne d’un art consommé des nuances, avec notamment des pianissimi délicieusement suaves, et les cadences quelle a imaginées sont d’une belle adéquation stylistique. Même avec quelques très rares imprécisions techniques, une prestation impressionnante.
En comparaison, l’approche de Sylvia Huang peut sembler plus classique et traditionnelle. Une très aimable pression patriote commence à bruisser dans les rangs de Flagey, et la candidate belge, visiblement heureuse d’être là, paraît un peu intimidée. Mais son jeu élégant et maîtrisé suscite l’admiration, il n’est même pas besoin du choix – bienvenu – des cadences d’Arthur Grumiaux pour l’inscrire dans la grande tradition de l’école belge du violon.
Chose rare, Yoo Jin Lee ouvre son récital avec sa sonate : accompagnée de Samuel Parent, la Coréenne a choisi la premier sonate de Schumann, et, bien qu’elle n’ait que vingt ans et la partition sous les yeux, la maturité de son jeu et son autorité tranquille impressionnent d’emblée. Sa lecture du Scherzo Bagatelle de Bram Van Camp n’est sans doute pas la plus chargée de sens, mais elle est d’une maîtrise technique hallucinante. Des moyens impressionnants, confirmés par une double dose d’Eugène Ysaÿe : la sonate imposée mais aussi le caprice d’après l’étude en forme de valse de Saint-Saëns, souverains.
Pour Ioana Cristina Goicea, candidate germano-roumaine de 26 ans, le jury a choisi le programme « roumain » avec la troisième sonate d’Enescu : une lecture magnifique accompagnéd de José Gallardo, avec ce qu’il faut de distance désabusée, de nostalgie mittel-européenne, de folklorisme assumé mais aussi de passion douloureuse. Avant cela, elle se sera acquittée avec solidité mais non sans subtilité (parfois) des deux imposés belges, Van Camp et Ysaÿe.