Au tournant du classicisme, un BNO électrisant
En mettant Schubert et Beethoven au programme, le Belgian National Orchestra avait attiré le public en nombre vendredi soir au Bozar, notant une proportion impressionnante de jeunes et très jeunes, effet visible des Last Tickets à 10 euros ! Mais la popularité même des œuvres mettait la barre très haut, en termes de vision, de virtuosité et d’engagement. Vendredi soir, la salle fut comblée.
- Publié le 14-10-2019 à 12h24
- Mis à jour le 14-10-2019 à 12h27
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Sous la baguette de James Feddeck, avec Javier Perianes en soliste. En mettant Schubert et Beethoven au programme, le Belgian National Orchestra avait attiré le public en nombre vendredi soir au Bozar, notant une proportion impressionnante de jeunes et très jeunes, effet visible des Last Tickets à 10 euros ! Mais la popularité même des œuvres mettait la barre très haut, en termes de vision, de virtuosité et d’engagement. Vendredi soir, la salle fut comblée.
Le concert s’ouvrit sur la 8e de Schubert (autant plonger d’emblée à la grande profondeur…). Sous la direction du jeune (semble-t-il, mais aucune bio ne mentionne son âge) chef américain James Feddeck (également hautboïste et organiste, cela s’entend), le son sembla naître doucement d’une musique déjà en marche, où, sur une base de cordes ultra stable et calme, le chant des bois s’épanouira tendrement. Dynamique très large - où les nuances pianissimo permettront des déploiements spectaculaires sans que l’orchestre soit tenté de forcer le son -, transparence, précision, naturel, autant de paramètres qui permirent l’écoute des voix intérieures, la lisibilité du contrepoint et surtout le discours si poignant de Schubert, à la fois dramatique et intime.
De Beethoven à de Falla
Le 2e Concerto de Beethoven - œuvre de jeunesse - signa un petit retour en arrière dans le temps, tout en offrant la place d’honneur au pianiste espagnol Javier Perianes, idéal dans ce répertoire (mais tout autant dans les autres), par la clarté de son jeu, son agogique irrésistible et son sens de la construction. Sa poésie aussi - relayée par le chef - qui connut un sommet dans la cadence de l’adagio central, dont une soudaine panne de courant n’interrompit nullement la magie (soliste et orchestre achevant le mouvement dans le noir…). L’ovation qui salua cette performance signa aussi le retour de la lumière et le départ d’un finale dansant, millimétré (le flamenco n’est pas loin) et comme improvisé. Avant la Danse du feu, extraite de L’Amour sorcier, de Manuel de Falla, en ultime cadeau de l’invité du jour.
Quant à la 5e Symphonie du même Beethoven, et quoique tube planétaire, elle ne se départit pas de l’élégance déjà rencontrée chez Schubert, au risque de dérouter les adeptes des versions jupiter-badaboum. De plus, en enchaînant les mouvements, le chef parvint non seulement à faire passer aux tousseurs l’envie de tousser, mais à emporter progressivement la salle tout entière dans un finale rayonnant d’optimisme - ou fou d’espoir ? - mêlant à parts égales l’énergie physique et la spiritualité, la ferveur et le style.
Prochain concert BNO au Bozar : 18 et 20 octobre, avec Hugh Wolff et Katia Buniatishvilli. www.nationalorchestra.be