Un nouveau carton pour Johnny Hallyday
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- Publié le 31-10-2019 à 10h19
- Mis à jour le 31-10-2019 à 12h47
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Symphonique et acoustique, le deuxième album posthume du rocker est un nouveau carton. Sorti vendredi dernier, Johnny, le deuxième album posthume de Johnny Hallyday, cartonne. Certes, il ne s’est pas vendu à 300 000 exemplaires en 24 heures comme Mon pays c’est l’amour, mais, en flirtant avec les 100 000 copies, il se positionne comme un sérieux prétendant au meilleur démarrage de l’année. Pourtant, ce disque est un ovni dans la discographie du Taulier. Les 12 titres qui le composent sont tous des tubes incontournables mais habillés d’arrangements symphoniques ou acoustiques qui ont le don de révéler la voix du chanteur et de la magnifier. Ce tour de force, on le doit à Yvan Cassar, directeur artistique du rockeur durant plus d’une décennie et maître d’œuvre de ce travail enregistré dans les studios anglais de George Martin, producteur des Beatles, avec le London Symphonic Orchestra.
Tout a commencé par la découverte de bandes enregistrées à l’occasion des répétitions de l’orchestre et des chœurs qui ont accompagné Johnny pour ses concerts du Stade de France en 1998, soit les débuts de la collaboration entre Johnny et son nouveau directeur artistique Yvan Cassar. Ce dernier l’affirme, tout ce qui s’entend sur l’album a été validé en son temps par le chanteur lui-même puisqu’il s’agissait de versions ou de passages travaillés pour ses concerts et ses tournées.
Une aventure symphonique
La première rencontre entre le rockeur et Yvan Cassar a eu lieu à Los Angeles, trois jours avant les répétitions pour le Stade de France en 1998. "Lors de la réunion, il a demandé qui j’étais. Quelqu’un lui a expliqué et il a dit : ‘On va essayer’, pas plus convaincu que ça, raconte le directeur artistique. On est parti à la guerre. J’ai vécu les trois semaines les plus difficiles de ma carrière de musicien. Il m’a poussé à bout, il m’a fait craquer. Comme il ne me connaissait pas, il devait voir ce que j’avais dans le ventre." Pour gagner le respect du chanteur, Yvan Cassar lui a fait écouter son travail en lui disant que si ça ne lui plaisait pas, il partirait. "On l’oublie mais le Stade de France en 98, c’était aussi un challenge pour lui. C’était le premier pour un artiste français, la pression était monstrueuse. Autant il a été horrible, exigeant et difficile à ce moment-là, autant par après, c’est devenu mon avocat favori."
Par la suite, Johnny a été formidable d’affection et d’amitié avec son nouveau directeur artistique. "Je n’étais pas guitariste, ce qui a d’emblée positionné notre relation de façon très différente. J’apportais un autre regard. Pendant 15 ans, j’ai arrangé beaucoup de morceaux avec orchestre ou en acoustique pour ses spectacles. Je lui demandais de quoi il avait envie - on ne lui impose pas les choses. Mais en faisant ces chansons, on retrouvait le groupe pendant la seconde partie du titre, guitares et batterie devaient avoir le dernier mot car c’était du rock. On n’a jamais été au bout de cette aventure symphonique comme en studio, avec une voix pure et l’orchestre. C’était ça le but. Ici, je suis allé jusqu’au bout de mes rêves, comme le dirait Jean-Jacques Goldman. C’est-à-dire travailler avec l’orchestre en enlevant le groupe et en zoomant sur sa voix avec l’intimité de la musique unplugged et le grandiose, l’héroïque, l’épique de l’orchestre."
Un forçat du travail
Yvan Cassar, qui a collaboré avec les plus grands, d’Aznavour à Mylène Farmer en passant par Nougaro et Vangelis, lève aussi le voile sur la personnalité de son illustre employeur. C’était d’abord un forçat du travail, reconnaît-il. "Tout musicien qui aurait pris le quart de la vie de Johnny aurait été épuisé. Cette capacité qu’il avait à aller au-delà de la limite, c’était hors normes. On ne peut que s’incliner. Surtout vis-à-vis du public. Le public, c’était une obsession pour lui." Johnny, c’était aussi le patron, celui qui avait toujours le dernier mot. "Il n’y a aucun doute là-dessus. Ce n’est pas un hasard de construire de telles carrières, l’instinct est déterminant. Parfois, je n’ai pas compris des décisions sur le moment mais, a posteriori, je dois reconnaître que c’étaient les bons choix. Ça appartient aux plus grands, il en était."