Marin Alsop, la femme qui révolutionne la capitale autrichienne en musique
À l’Orchestre symphonique de la radio de Vienne, le maestro est désormais une femme. Une vraie révolution dans la très conservatrice capitale autrichienne.
- Publié le 07-11-2019 à 08h57
- Mis à jour le 07-11-2019 à 08h59
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À l’Orchestre symphonique de la radio de Vienne, le maestro est désormais une femme. Une vraie révolution dans la très conservatrice capitale autrichienne. Et Vienne a fait sa révolution. Tournée vers son glorieux passé musical, la capitale de l’Autriche n’est pas réputée pour ses audaces culturelles. Mais pour le concert, mercredi, des 50 ans de l’Orchestre symphonique de la radio de Vienne (RSO), c’est une femme, Marin Alsop, qui était à la baguette.
En prenant, en septembre, la tête de cet ensemble réputé, l’Américaine de 63 ans est devenue la première cheffe d’orchestre permanente nommée en Autriche. "Vienne a la réputation d’être très conservatrice", reconnaît la musicienne qui fut parmi les premières femmes à s’imposer dans le milieu très masculin de la direction d’orchestre. "Pourtant, cela faisait longtemps qu’un aussi bon accueil ne m’avait pas été réservé", assure-t-elle.
Sa nomination à Vienne a sonné comme une consécration pour cette cheffe d’orchestre née à Manhattan de parents musiciens. S’initiant au piano dès l’âge de 2 ans, elle passe au violon à 5 ans. La légende raconte que celle qui a d’abord étudié à Yale, puis qui a été formée à la musique à la prestigieuse Juilliard School de New York, a choisi la direction d’orchestre lorsqu’elle assista à une prestation du grand chef Leonard Bernstein, qui deviendra plus tard un de ses mentors. Le chemin menant à son rêve fut pourtant semé d’embûches pour Marin Alsop, qui fut notamment violoniste de rue à New York pour gagner ses premiers dollars. Mais qui finira par s’imposer comme cheffe d’orchestre aux États-Unis dans les années 1990 puis au niveau international au tournant des années 2000. Car celle qui est devenue en 2007 la première cheffe d’un orchestre américain majeur (le Baltimore Symphony Orchestra) a aussi collectionné les prestations prestigieuses un peu partout dans le monde. Dont en Belgique, où elle fit admirer ses talents au Vlaams Radio Orchestra en 2001 puis à la direction de l’Orchestre national de Belgique pour le Concours Reine Elisabeth en 2013 et 2015.
"Au début de ma carrière, raconte avec humour Marin Alsop, je me souviens qu’on me sélectionnait parfois sur dossier en croyant que j’étais un homme, du fait de mon prénom. Et quand j’arrivais, les visages se liquéfiaient !" Aujourd’hui encore, seuls 4 % des chefs d’orchestre dans le monde sont des femmes.