"Antigone in the Dark", lumineuse
En création au Théâtre Poème 2, un monodrame ciselé et poignant, signé Orlando et Carola.
- Publié le 11-11-2019 à 14h11
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En création au Théâtre Poème 2, un monodrame ciselé et poignant, signé Orlando et Carola. Troisième découverte lyrique de la semaine (après Jeanne au bûcher et Ce qui vit en nous), Antigone in the Dark est un véritable trésor. Ce monodrame lyrique de 50 minutes est issu de la rencontre entre le compositeur Stéphane Orlando (également pianiste, improvisateur, professeur d’analyse musicale) et l’écrivain Lorenzo Carola (par ailleurs chanteur, aujourd’hui directeur du Forum des Compositeurs).
Associés au départ pour un festival d’opéras-minute (deux, quand même…), les auteurs furent si heureux de la collaboration qu’ils décidèrent d’en élargir l’objet. La partie instrumentale fut confiée à l’Ensemble Fractales, le chant, à la soprano Rita Matos Alves, la mise en scène à Matthieu Collard, la vidéo à François D’alcamo, le tout fut accueilli par le Théâtre Poème - récemment repris par Sébastien Romignon Ercolini -, d’abord en résidence, ensuite pour une série de huit représentations dont la première eut lieu jeudi. Cinquante minutes hors du temps, d’une extraordinaire intensité, où Antigone, après qu’elle a été conduite - poussée - dans son tombeau par les six musiciens (chœur antique avant de devenir orchestre), retrace les circonstances de sa condamnation, justifie une dernière fois ses choix, lance ses justes reproches, renoue avec l’amour et se fond dans la lumière de la mort.
Le texte (en anglais, surtitré en français) de Carola est celui d’un familier de l’opéra : poétique, justement distancié, mais d’un authentique pouvoir dramatique, sur lequel Stéphane Orlando s’est appuyé pour composer une demi-douzaine de scènes caractérisées, de l’épique au méditatif, où la science de l’écriture soutient toujours l’émotion. Sous sa direction, chaque musicien (lui compris) joue de ses propres instruments (piano, violon/alto, violoncelle, flûtes, clarinettes) et de diverses percussions, tandis que se déploie, souverain, le chant d’Antigone. La mise en scène est millimétrée et Rita Matos Alvez - à l’aise dans toutes les tessitures, et si belle… - y confirme ses immenses qualités de comédienne et de chanteuse.
Au Théâtre Poème 2, jusqu’au 17 novembre. Infos : www.theatrepoeme.be ou 0483.32.04.33