Bonne pêche à Liège
Retour à l’ORW, avec Plasson, des "Pêcheurs de perles" façon Oïda.
- Publié le 14-11-2019 à 11h02
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Retour à l’ORW, avec Plasson, des "Pêcheurs de perles" façon Oïda. Les nationalistes flamands en feraient leurs choux gras s’ils s’intéressaient à la culture : dans le domaine de l’opéra, entre communautés française et flamande, les différences de conception sont telles qu’il n’y a pas besoin de concertation sur la programmation ! Opéra flamand et Opéra royal de Wallonie (ORW) peuvent, à moins d’un an d’intervalle, afficher tous deux Les Pêcheurs de perles (et, demain, Don Carlos), mais ce sont des œuvres différentes que l’on voit.
Après les détournements puérils et peu convaincants du collectif FC Bergmann, revoir la vision traditionnelle de l’opéra de Bizet conçue par Yoshi Oïda pour l’Opéra-Comique de Paris et déjà montée à Liège en 2015 est assez plaisamment reposant. Certes, comme souvent dans les reprises, la direction d’acteurs manque parfois de netteté, et il est çà et là quelques bras ballants. Mais le metteur en scène japonais sait raconter une histoire et souligner ses éléments essentiels, tandis que les décors de Tom Schenk, d’un exotisme discret inspiré du kabuki et joliment éclairés, se révèlent à nouveau esthétiques et fonctionnels.
À la différence aussi de la récente production de l’Opéra flamand, la compréhension du spectateur est facilitée ici par la diction parfaite de la distribution : deux Français, deux Wallons, couvés qui plus est par un chef français expert dans ce répertoire.
Transparence
Deux ans après ses débuts à la Monnaie, Michel Plasson fait, à 86 ans, ses débuts dans la fosse du Théâtre royal, et sa lecture est un bonheur de transparence et d’élégance. Le héros de la soirée est le ténor Cyrille Dubois, Nadir miraculeux de suavité et de grâce et dont la romance du premier acte est un moment béni, mais ses collègues ne sont pas en reste. Si elle n’a plus l’âge du personnage, Annick Massis reste une Leïla d’une très belle présence scénique et, si un vibrato prononcé (qui tend à se rétrécir au fil de la soirée) affecte parfois l’intelligibilité du texte, la projection, l’intonation et la richesse des nuances restent admirables. Excellents aussi, le Zurga de Pierre Doyen (parfois un peu moins précis dans le registre aigu) mais avec un magnifique sens du mot, et le Nourabad de l’inusable Patrick Delcour. Après quelques flottements en début de soirée, les chœurs de Pierre Iodice trouvent rapidement leur équilibre et, sans être exceptionnels, assurent avec le soin requis leurs pages essentielles.Nicolas Blanmont
Liège, Théâtre royal, les 14 et 16 novembre à 20h ; www.operaliege.be