La Chapelle Musicale en mode "Bleu Ébène"
- Publié le 15-11-2019 à 11h09
- Mis à jour le 15-11-2019 à 11h10
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Le Quatuor Tana crée le 4e Quatuor de David Achenberg. Inouï et familier. Invité mercredi dans la Serie Guest de la Chapelle Musicale Reine Elisabeth, le Quatuor Tana y a mis à l’honneur notre compatriote David Achenberg, compositeur puissant et original, évoluant depuis toujours en roue libre, notamment au gré des commandes - nombreuses - qui lui sont adressées. Élu depuis plusieurs années par les Tana - Antoine Maisonhaute et Ivan Lebrun, violons, Julie Michael, alto, et Jeanne Maisonhaute, violoncelle -, Achenberg entretient avec ceux-ci une collaboration suivie, attestée par quatre quatuors dont le dernier, intitulé Bleu Ébène et dédié au Quatuor Tana, embarque, en plus, une bande magnétique reliant imperceptiblement le son acoustique live et son souvenir - sa source, son écho - enregistré.
Lors du concert, les musiciens eurent la bonne idée de placer le Quatuor n°1 (2009) en ouverture : une pièce en quatre brefs mouvements contrastés, à la fois séduisante et raisonnablement complexe, offrant mille sensations sonores et ouvrant au rêve. Sans perdre la griffe de son auteur, Bleu Ébène élargit le champ perceptif et les sensations qui y sont liées : débuts à la limite de l’inaudible sur fond d’archets frémissants et succession de courtes propositions très typées (quoique tangentes) dont l’imagination de l’auditeur s’emparera (ou non), librement. Ce sera le prologue.
Le mouvement central, qui donne le nom à l’œuvre (Bleu Ébène), confirme la manière, superposant - toutes voies sonores confondues - un environnement proprement inouï et des cellules dont la familiarité "inventée" n’en touche pas moins aux émotions de chacun. L’Épilogue apportera un apaisement, un adieu, sous forme d’extinction progressive conclue par quelques accords lointains. Tout cela donné avec la maîtrise et l’engagement qui font la force du Quatuor Tana.
Achenberg et Beethoven
Cela dit, passer de l’univers onirique d’Achenberg aux équations prométhéennes de Beethoven n’était pas sans risque, en particulier avec l’étrange op. 132 (Quatuor n°15) composé en 1825, dont le compositeur savait très bien, à l’époque, qu’il allait en déconcerter plus d’un. Par leur fidélité à l’un et à l’autre, et par leur aura propre, les musiciens parvinrent pourtant à établir un lien entre les deux compositeurs. Et si l’acoustique austère du grand auditorium de la Chapelle est tout sauf chatoyante, elle mit en valeur l’incroyable précision des interprètes et la clarté de leur lecture.
Les quatre quatuors d’Achenberg sont à retrouver, par les mêmes, dans le CD Bleu Ébène, paru chez Paraty.
Martine D. Mergeay
Plus d’infos sur www.musicchapel.org. Film de J. Lago Lago disponible sur https://youtu.be