Dernier tour de piste pour "La Walkyrie"
Publié le 19-11-2019 à 08h33
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Aux Pays-Bas, reprise d’une production wagnérienne devenue mythique. Vingt-et-un ans que cette production de La Walkyrie a été créée. Septième reprise. Près de soixante mètres d’amplitude du décor de George Tsypin - une immense lance est fichée dans le plafond de la grande salle du Muziketheater, dont tout l’espace scénique est rempli par un immense plateau de bois incliné, moitié piste de cirque, moitié piste de danse, dans lequel a été découpé un espace pour installer l’orchestre.
Des nombreuses productions de la Tétralogie montées ces dernières années, celle de l’Opéra d’Amsterdam a fini par s’imposer comme un classique. Par ce dispositif scénique et le rapport particulier au son qu’il induit (comme on le vit à Liège à la même époque, mais dans une configuration légèrement différente), permettant aux personnages d’être plus près du public et donc de chanter avec plus de raffinement. Par cette dominance de bois, bio et écolo avant la lettre. Par ce respect de la dimension merveilleuse et magique des personnages, et même d’un certain naturalisme, mais en modernisant le tout. Et par une lecture des œuvres qui, sans rien nous apprendre de nouveau sur les personnages, les montre tels que Wagner les a imaginés, et avec les gestes et attitudes adéquats.
La stricte orthodoxie wagnérienne supposerait qu’on représente, sur un laps de temps aussi limité que possible, l’intégralité de la Tétralogie, de L’Or du Rhin jusqu’au Crépuscule des dieux ? Foin d’hypocrisie ! Tout le monde sait que La Walkyrie est le plus populaire des quatre ouvrages de la série. Et quand on a une production pareille, pourquoi se priver du plaisir d’en montrer, une dernière fois, le joyau le plus brillant ? Et pourquoi bouder son plaisir quand, en outre, on peut offrir au public l’ivresse d’un léger chauvinisme : Eva-Maria Westbroeck, la plus réputée des chanteuses d’opéra néerlandaises, avait chanté Sieglinde sur nombre de scènes européennes, mais c’est la première fois qu’elle incarne à domicile la sœur incestueuse mais passionnée de Siegfried.
Hommage à Audi
Sophie Van Lint, nouvelle directrice de l’Opéra néerlandais, rend ainsi hommage à son prédécesseur Pierre Audi qui, à la fin du XXe siècle (son règne dura trente ans) avait initié cette production. Avec des tempi d’une lenteur parfois surprenante, Marc Albrecht, directeur musical en partance, montre une dernière fois ses affinités superbes avec le répertoire allemand, réussissant presque à hisser son Nederlands Philharmonisch Orkest au rang d’autres phalanges néerlandaises plus titrées (Rotterdam ou, surtout, le Concertgebouw). Le reste du plateau va du bon (le Wotan de Ian Paterson, la Brünnhilde de Martina Serafin, la Fricka d’Okka von der Damerau) au très bon (le Siegfried de Michael König), voire à l’excellent (le Hunding de Stephen Milling).
Amsterdam, jusqu’au 8 décembre ; www.dno.nl.