Andris Nelsons net et précis à Bruxelles
- Publié le 18-01-2020 à 16h16
:focal(1275x872.5:1285x862.5)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/S4WDDWLHWJD7ZLGUE6MIRYFJH4.jpg)
Un des chefs les plus courtisés du moment a charmé Bozar.
Tout auréolé de sa récente présence au pupitre du concert viennois du Nouvel An, Andris Nelsons était jeudi au Palais des Beaux-Arts de Bruxelles avec le Concertgebouw d’Amsterdam. Déjà directeur musical actuellement des Orchestres de Philadelphie et de Leipzig, le Letton est un des chefs les plus courtisés du moment. Outre Vienne (il vient aussi de publier avec les Wiener Philharmoniker une intégrale Beethoven chez Deutsche Grammophon), il est bien en cour à Amsterdam, où certains le verraient bien occuper le siège laissé vacant depuis près de deux ans après l’éviction précipitée de Daniele Gatti, emporté par la vague #MeToo.
Menu léger
L’entente de Nelsons et des Néerlandais est évidente. Les accords d’entrée de l’ouverture des Créatures de Prométhée claquent les uns après les autres au premier geste, nets et précis. Cette courte page beethovenienne se révèle mise en bouche idéale pour un menu qui restera léger. Dans un souci de cohérence, le programme la propose en parallèle avec Prométhée, le poème du feu de Scriabine. Occasion pour Nelsons de prouver son talent de coloriste, exaltant la qualité des timbres de l’orchestre. Mais pour être franc toutefois, on reste sur sa faim : les 25 minutes de Scriabine manquent un peu de mystère, et l’on en vient à regretter qu’un si bel outil n’ait pas été utilisé pour une œuvre plus substantielle, par exemple une de ces symphonies de Bruckner ou de Chostakovitch dont Nelsons a aussi entrepris l’enregistrement.
Finalement, le moment fort du concert aura été la révélation de Dramatis personae, lumineux concerto pour trompette de Brett Dean, splendidement interprété par Hakan Hardenberger. Récemment promu à l’attention internationale par son opéra Hamlet, le compositeur australien - ancien altiste du Philharmonique de Berlin - a du métier, du talent et de l’humour. Le tout conjugué donne une œuvre tour à tour sensible et jubilatoire, où le trompettiste finit par rejoindre ses collègues de l’orchestre pour un rutilant burlesque.