Les lits et boutons de Madaras
Ce dimanche, Gergely Madaras se met aux fourneaux et cuisine pour ses abonnés. Ou presque. Pour sa première saison, le nouveau directeur musical a décidé de rebaptiser une des séries de concerts les plus emblématiques de l’Orchestre de Liège : exit Les concerts du chef, bonjour Chez Gergely.
- Publié le 24-01-2020 à 17h28
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Gergely Madaras, le nouveau directeur musical de l’OPRL, prend peu à peu ses marques.
Ce dimanche, Gergely Madaras se met aux fourneaux et cuisine pour ses abonnés. Ou presque. Pour sa première saison, le nouveau directeur musical a décidé de rebaptiser une des séries de concerts les plus emblématiques de l’Orchestre de Liège : exit Les concerts du chef, bonjour Chez Gergely. L’idée est toujours de mélanger dans une grande casserole - chef dans tous les sens du terme - grands classiques et pièces récentes qui lui sont chers, mais le jeune chef hongrois tenait à personnaliser plus encore l’approche. Ainsi, ce dimanche, il proposera Bach orchestré par Weber, Haydn et son compatriote Gyorgy Kurtag, nommé "compositeur en résidence" de l’OPRL cette saison.
À l’évidence, Madaras, 36 ans, est ce qu’il convient d’appeler un citoyen du monde, dirigeant aux quatre coins de la planète, polyglotte et ouvert à toutes les cultures. Sa vie se partage entre trois appartements - un à Londres, où vivent sa femme et ses deux filles, un à Liège, où son contrat prévoit quatorze semaines de présence annuelle, et un à Budapest où restent une partie de ses racines. En parallèle à ses fonctions liégeoises, le chef hongrois termine d’ailleurs un autre mandat de directeur musical du Savaria Symphony Orchestra à Szombathely, une petite ville de l’ouest de son pays. Et on ne le sent pas peu fier de cette petite ville de 60 000 habitants qui abrite un orchestre de près de nonante musiciens donnant plus de cent concerts par an.
"Un orchestre de capitale"
De la fierté, il semble déjà en avoir aussi pour Liège, une ville dont - comme tous ses prédécesseurs - il vante le bon-vivre. Mais pas seulement : "Les atouts de l’OPRL sont bien sûr ses musiciens, mais aussi sa salle, son équipe, un budget très raisonnable et un contexte ouvert à la musique. Même si Liège n’est pas une capitale, il a un orchestre de capitale ! Les musiciens sont désireux de s’améliorer, de travailler dur. Ils n’ont pas peur de creuser et de se salir les mains." Madaras a d’ailleurs mis en place un comité artistique réunissant membres de l’orchestre et représentants de la direction : "S’il y a un conflit, mieux vaut en parler avant qu’il éclate…"
Démocrate ? Oui et non. S’il convient qu’à l’évidence, l’époque des chefs tyranniques, voire vexatoires, est révolue, le Hongrois ne cherche pas à cacher qu’il est le patron : "Un chef ne peut essayer de plaire à tout le monde, il doit être capable de prendre des décisions. Pas question d’oppression, bien sûr, mais du commandement et de la discipline. Je ne suis pas là pour faire que les musiciens de l’orchestre jouent mieux, je suis là pour leur donner envie de jouer mieux."
Le travail de Madaras à Liège suppose aussi, bien sûr, de maintenir et de faire croître le public. À cet égard, il réfléchit bien sûr à d’autres formes de concerts. C’est ainsi qu’a été pensée la série OPRL +, cinq soirées associant à la musique une autre forme artistique comme le cinéma, le mapping ou le théâtre. Ainsi, la semaine prochaine, le chef et ses musiciens travailleront avec le Théâtre National de Fabrice Murgia autour de Roméo et Juliette : le ballet de Prokofiev sera donné avec des extraits de la pièce de Shakespeare, interprétés dans plusieurs langues par de jeunes comédiens.
Actif sur les réseaux sociaux, Madaras n’a plus le temps, ces derniers mois, de mettre à jour le blog qu’il avait lancé. Il continue par contre à faire des photos de tous les lits dans lesquels il dort même si, récemment, il s’est désolé d’avoir pour la première fois depuis des années oublié de photographier celui de la chambre d’hôtel qu’il venait de quitter : "J’ai hésité à appeler l’hôtel pour qu’ils m’en envoient une, mais ce n’aurait pas été la même chose." Quant à son autre petite manie - la phobie des boutons sur les vêtements ! - il la soigne progressivement : amateur de mode, il accepte désormais de porter des chemises, voire même d’autres éléments autrefois bannis de sa garde-robe.
Liège, Salle Philharmonique, dimanche 24 ("Chez Gergely"), jeudi 30 janvier ("Roméo et Juliette") et samedi 1er février ("Roméo et Juliette", complet). www.oprl.be