De Namur à Marseille, "Admeto" de Haendel
Au théâtre de La Criée (Marseille), une distribution "namuroise" et le Concerto Soave, dirigés par Jean-Marc Aymes.
- Publié le 13-03-2020 à 12h47
- Mis à jour le 13-03-2020 à 12h48
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À La Criée, une distribution "namuroise" et le Concerto Soave, dirigés par Jean-Marc Aymes.
Si la production découverte mardi soir au Festival Mars en Baroque (Marseille) semblait tenir de l’évidence, son élaboration n’en demanda pas moins un maximum de flair et de détermination. Tout est parti du désir du Cav&Ma (traduisez : Centre d’art vocal et de musique ancienne, institution phare de la Fédération Wallonie-Bruxelles) et plus particulièrement du Chœur de Chambre de Namur, de favoriser le développement artistique et professionnel de ses jeunes chanteurs. En 2019, certains d’entre eux purent ainsi participer à une master-classe de Sandrine Piau - une des plus grandes sopranos baroques d’aujourd’hui -, donnée à Marseille, avec, comme super-bonus, la possibilité de participer à une production lyrique la saison suivante. À l’arrivée, parmi les six chanteurs retenus, cinq provenaient du Chœur de Chambre de Namur, et c’est en fonction de leurs voix et de leurs talents que le claveciniste et chef d’orchestre Jean-Marc Aymes (prononcez Em’s) choisit de monter l’opéra Admeto, de Haendel, en compagnie de "son" Concerto Soave.
Et voilà pourquoi nous nous sommes retrouvés mardi sur le Vieux-Port, dans ce Théâtre de La Criée qui ferait bien penser au Kaaiteater de Bruxelles par son public branché et intergénérationnel. Si la répétition de l’après-midi nous fit un peu trembler, la représentation du soir fut impressionnante de maîtrise et de vie. Précisons qu’outre leurs divers diplômes universitaires, tous les chanteurs disposent déjà d’une expérience de soliste, grands rôles sur de petites scènes et même petits rôles sur de grandes scènes.
Échos d’un soir
Parmi les opéras de Haendel, Admeto, basé sur l’Alceste d’Euripide, est à la fois simple à monter, d’autant qu’il s’agit ici d’une version concert, et particulièrement difficile à chanter, avec un enchevêtrement de courts récitatifs, déterminants dans le déroulement dramatique, et d’airs sublimes, généralement sous forme d’"arias da capo", c’est-à-dire longs et périlleux, et donc révélateurs.
Dans le rôle-titre, la mezzo belge Caroline de Mahieu s’imposa par la beauté de sa voix et son allure altière et classieuse (en dépit d’une gaucherie dans le jeu). Les deux rôles féminins étaient chantés par la Belge Aurélie Vercauteren (Alceste), voix fine et ductile, incroyable aisance scénique, et la Franco-Allemande Morgane Heyse (Antigone), noblesse de timbre, aigus lumineux, musicalité cultivée. Craquants l’un et l’autre, et très à l’aise vocalement, deux contre-ténors jouaient les amoureux éconduits, l’un sur le mode comique, c’était le Belge Logan Lopez Gonzalez, l’autre sur le mode poignant, c’était le Français Rémy Bres Feuillet, tandis que le baryton belge Samuel Namotte faisait valoir une voix souple et brillante dans le rôle d’Ercole. Avec, en parrain de la bande, l’excellent Philippe Favette, basse (Meraspe).
À Namur le 8 juillet prochain, dans le cadre du Festival de Wallonie.