Concours Reine Elisabeth : La divine surprise de Xiaolu Zang
Le jeune Chinois a réservé le meilleur pour la fin et c’est sidérant
- Publié le 11-05-2021 à 22h01
- Mis à jour le 13-05-2021 à 12h25
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Il fait partie des cadets de la bande, il a 21 ans et il est Chinois. Formé au China Central Conservatory of Music Middle School, premier prix au Concours de Mayenne en 2018, au Concours de Vérone et au Concours Santa Cecilia de Porto en 2019, Xiaolu Zang se perfectionne aujourd’hui auprès de Arie Vardi à l’Université de Hanovre.
Au premier tour, il nous est apparu débordant d’énergie, de vitalité et d’inventivité, glissant autant d’humour dans Haydn que de venin ( de nectar ?) dans Scriabine, et assurant souverainement dans Rachmaninov.
Ses deux choix de programme traduisent le même éclectisme avec, pour, le premier, la Sonate op. 101 de Beethoven et La Valse de Ravel et, pour le second, Les Estampes de Debussy et la Sonate n°7 de Prokofiev. Il jouera le premier.
Quant au concerto de Mozart avec lequel il ouvre la soirée, ce sera le 23e, en la majeur, K. 488, L’introduction de l’orchestre est joliment enlevée (Mozart y a pourvu...) et accueille avec naturel le jeu très doux du soliste, doux mais lumineux, perlé et propulsé par une clarté agogique du meilleur effet sur les échanges avec l’orchestre. L’adagio, très lent, sera mené dans ses sonorités plus douces encore, comme dans une réminiscence lointaine et douloureuse, option soutenue avec tact par le chef et ses musiciens, avant de renouer avec l’élan du premier mouvement dans un finale mené en un seul geste, alerte mais en survol.
Dans le Nocturne de Pierre Jadlowski qui ouvre son récital, Xiaolu Zang ne craint pas d’adopter un tempo très étiré ni de jouer à fond sur les résonances soulevées par les puissants accords entrecoupant la partition. Après la grâce éthérée rencontrée chez Mozart, c’est un tout autre aspect de la personnalité du musicien qui se fait entendre... Les fracas seront de courte durée et c’est à nouveau sur un mode très classique - mesuré, chantant mais toujours vif et articulé - que le candidat entreprend la sonate de Beethoven. La lecture en est, comme dans Mozart, extrêmement claire, baignant parfois dans des halos de pédale hors style (mais franchement craquants) et conduite avec brio, en particulier dans cette fugue redoutable - ici quasi légère - qui clôt la sonate.
Tout autre chose encore avec la Valse de Ravel dont certains aspects athlétiques auraient pu sembler incompatibles avec la manière du jeune homme. Déjà, son imagination, son dynamisme et son sens de la couleur font merveille dans la première partie, et tant qu’à parler de réminiscence et d’ambiguïté - dont est faite cette pièce atypique -, Zang y est époustouflant, et quand soudain la puissance s’en mêle, et la fièvre, et le cri, et la nostalgie, et la grandeur, c’est magnifique et d’autant bouleversant que c’est inattendu.