Qui remportera le Concours Reine Elisabeth? Portrait des six finalistes
Les finales du Concours Reine Élisabeth de piano débutent ce lundi. Portrait des six artistes encore en lice.
Publié le 24-05-2021 à 08h01 - Mis à jour le 27-05-2021 à 21h57
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Vitaly Starikov (Russie, 26 ans) Formé à Iekaterinbourg, sa ville natale, puis au Conservatoire Tchaïkovski de Moscou, notamment avec Elisso Virsaladze, qui siège dans le jury du Concours cette année. Très à l’aise dans le répertoire germanique, il a d’abord séduit en demi-finale avec un Mozart empreint de fluidité et de simplicité, mais aussi d’intensité et de théâtralité. Très habité dansNocturne de Pierre Jodlowski, il a proposé un Bach – Fantaisie et fugue en la mineur BWV 904, le seul de la semaine – tout à la fois respectueux de l’esthétique baroque et coloré d’un séduisant legato, et une magistrale lecture de la deuxième sonate de Brahms.
>>> Lundi 24 mai. D’un jardin féérique de Mantovani, 1er concerto de Tchaïkovski.
Tomoki Sakata (Japon, 27 ans)
D’abord élève privé de Paul Badura-Skoda depuis l’âge de 16 ans, Tomoki Sakata étudie actuellement à la haute école de musique de Hanovre. D’allure brillante et extravertie, il a d’abord proposé un 17e concerto de Mozart dont la principale audace résidait dans le travail d’ornementation. Il s’est montré inspiré et capable de recherches dans l’imposé de Pierre Jodlowski, puis coloriste raffiné dans l’Étude pour les quartes de Debussy. Dans l’imposante Sonate en si mineur de Franz Liszt, il a emporté la conviction par son ampleur sonore, sa maîtrise technique et sa capacité à raconter l’histoire qui sous-tend l’œuvre.
>>> Mardi 25 mai. D’un jardin féérique de Mantovani, 2e concerto de Brahms.
Keigo Mukawa (Japon, 28 ans)
Diplômé de l’University of Art de Tokyo, deuxième prix du Concours Long-Thibaud, élève de Frank Braley au CNSM de Paris depuis 2014, c’est donc sous la direction de son professeur qu’il s’est produit, en demi-finale, dans un Mozart cultivé, profond, chantant, laissant déjà entrevoir l’étendue de ses moyens. Son récital, ouvert sur un Nocturne de Jodlowski âpre et désolé, passa ensuite aux grâces complexes de Rameau, aux effusions débordantes de Rachmaninov et à l’ironie provocatrice de Chostakovitch pour traduire un monde intérieur puissant, à la fois sombre et lumineux, habité par une intense poésie.
>>> Mercredi 26 mai. D’un jardin féérique de Mantovani, 2e concerto de Prokofiev.
Sergei Redkin (Russie, 29 ans)
Diplômé du Conservatoire de Saint-Pétersbourg, troisième prix du Concours Tchaïkovski, il s’est perfectionné dans la classe de Louis Lortie, à la Chapelle musicale, dont il est aujourd’hui “artiste associé”. Son concerto de Mozart (le très fréquenté K.453…) fut l’un des plus beaux de la semaine, inscrit dans des sonorités claires et brillantes, et une dynamique bondissante. Et si la Wandererfantasie de Schubert, de réalisation impressionnante, manquait de nuance et d’envol, tout comme le Nocturne de Jodlowski, Debussy révéla un autre versant de son art, tout de poésie, de clarté et de couleurs.
>>> Jeudi 27 mai. D’un jardin féérique de Mantovani, 3e concerto de Rachmaninov.
Dmitry Sin (Russie, 26 ans)
Né à Khabarovsk en Russie orientale, Dmitry Sin s’est formé d’abord à Moscou, puis à l’École normale de musique Alfred Cortot à Paris. Il s’est déjà souvent produit avec orchestre, ainsi que dans plusieurs festivals français. On retient de sa prestation en demi-finales une incontestable maturité, notamment dans le choix d’œuvres plus rares. Un concerto K.450de Mozart fait d’évidence et de simplicité, puis une lecture inspirée du Nocturne de Jodlowski. Et surtout, avant de conclure sans jouer la pyrotechnie avec la pureté presque schubertienne d’un prélude de Lyadov, une lecture des plus habitées du très rare Concert sans orchestre op. 14 en fa mineur de Schumann.
>>> Vendredi 28 mai. D’un jardin féérique de Mantovani, 3e concerto de Rachmaninov.
Jonathan Fournel (France, 27 ans)
Il s’est formé avec (notamment) Brigitte Engerer, Claire Désert et Michel Dalberto, chez qui il obtint son premier prix au CNSM de Paris. Il fut aussi l’élève de Louis Lortie et d’Avo Kouyoumdjian à la Chapelle musicale Reine Élisabeth. Depuis le premier tour, il se distingue par l’étendue de ses moyens, son envergure artistique et sa maturité. Tant son concerto de Mozart que son récital – où figuraient les colossales Variations Haendel-Brahms – confirmèrent ces qualités, tout en révélant un engagement, un goût du risque et une inventivité sans limite. Et cet art de dégager de la musique à la fois le sens et la beauté.
>>> Samedi 29 mai. D’un jardin féérique de Mantovani, 2e concerto de Brahms.