Bruno Mantovani : Réminiscence et effervescence "d’un jardin féerique"
Le Français Bruno Mantovani signe le concerto inédit de la session 2021.
Publié le 24-05-2021 à 17h35 - Mis à jour le 27-05-2021 à 21h57
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Depuis la fondation du Concours Reine Élisabeth, les fameux concertos "imposés" (ou "inédits") ont connu des fortunes diverses. Objets de commandes dans les premières décennies (notamment à Darius Milhaud, Jean Absil ou Jacqueline Fontyn), ils furent progressivement reliés au concours de composition organisé par le Concours Reine Élisabeth lui-même et tenu tous les quatre ans. Mais la réussite artistique fut rarement au rendez-vous et, à quelques exceptions près, aucun de ces concertos ne rentra au répertoire. À partir de 2015, l’imposé (re)devint donc l’objet d’une commande officielle, adressée à un musicien de stature internationale (fût-il belge), avec de bonnes surprises à la clé. L’œuvre annoncée pour cette session devrait en faire partie.
Le compositeur en est le Français Bruno Mantovani, né en 1974 dans les Hauts-de-Seine. De père italien et de mère espagnole - "Forever Méditerranée", s’amuse-t-il à dire… -, il grandit à Perpignan, s’inscrivit à 19 ans au Conservatoire national supérieur de musique de Paris (où il reviendra en 2010 comme directeur) et y obtint ses premiers prix d’analyse, d’esthétique, d’orchestration, de composition et d’histoire de la musique, complétés par un cursus d’informatique musicale à l’Ircam. Sa carrière prolifique de chef, de compositeur et de professeur le conduira ensuite aux quatre coins du monde, et même en Belgique, où il fut régulièrement l’invité du Festival Ars Musica. Sa proximité avec les musiciens et les grands solistes de sa génération l’amena aussi à composer abondamment à leur intention. Citons Jean-Efflam Bavouzet, Renaud Capuçon, Gautier Capuçon, Antoine Tamestit, Tabea Zimmerman, etc.
Une mission stimulante
Au cours d’un "Grand Entretien " foisonnant (à lire ce mercredi en Arts Libre), il nous a livré les rétroactes de cette commande si particulière : "Je fréquentais le concours depuis quelques années comme membre du jury de composition. Et lorsque la nouvelle formule a été lancée et que Nicolas Dernoncourt (secrétaire général) m’a demandé de composer à mon tour ce fameux concerto - c’était pour la session 2020… -, j’ai tout de suite dit oui." Un exercice de style ou un vrai plaisir ? "Plutôt une mission familière et stimulante ! Beaucoup d’œuvres de concours entrent finalement dans le répertoire et mon langage, assez complexe, se prête assez bien au cahier de charges."
Le titre de la pièce de Montovani, D’un jardin féerique, fait allusion directe aux contes de Ma mère l’Oye de Ravel , quel est le lien ? "Cela m’est tombé dessus il y a quelques années, alors que je dirigeais Les Contes (version orchestre) à Sao Paulo. Dans la progression harmonique du Jardin féerique (dernière pièce du cycle), un de ces merveilleux accords propres à Ravel m’a tapé en plein cœur et j’ai eu comme une illumination. Ma compagne était enceinte et je me suis dit : ‘C’est une fille.’ Et quand Giulia est née, je lui ai dédié le concerto…"
Quelle place ce fameux accord y prend-il ? "Il ouvre le concerto et reste omniprésent ; c’est autour de lui que s’organise toute la partie soliste, une partie vivace, perlée, serrée, rapide. Et difficile. Comme un beau sapin de Noël qui se couvre de guirlandes."
Rens. : www.brunomantovani.com. Consultez la partition sur Issuu.com.