Royal Festival de Spa 2021 : "Notre pari était le bon"
La 62e édition du Royal Festival de Spa débute mardi 10 août. Pendant deux semaines, la cité thermale accueillera une centaine d’artistes pour 21 spectacles, dont quatre créations. Au menu ? Théâtre, musique, cirque, humour, jeune public...
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- Publié le 03-08-2021 à 17h25
- Mis à jour le 04-08-2021 à 13h51
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"Ce sera une belle fête." Voilà ce que promet le directeur du Royal Festival de Spa, Axel De Booseré, à quelques jours du coup d'envoi de la 62e édition, qui se déploiera dans la cité thermale du 10 au 22 août. Après une année particulièrement éprouvante pour le secteur culturel, frappé de plein fouet par la crise du Covid, "ce qui a été difficile dans la mise en place du festival, c'est que les choix ont été opérés il y a longtemps, quand la situation était encore très fermée pour le secteur artistique, se souvient Axel De Booseré. On a, en effet, opté pour un festival assez proche de celui qu'on organise habituellement, c'est-à-dire en intérieur. Puis, au fil des mois qui s'écoulaient, on a scruté les différents Comités de concertation (Codeco) et on a été très heureux de constater que notre pari était le bon : la situation est plus souple cet été et nous permet d'accueillir des spectateurs en salle."
Depuis le 9 juin, le public peut, en effet, à nouveau être accueilli à l’intérieur des salles de spectacle dans le respect des normes sanitaires. Qu’est-ce que cela a comme impact pour votre festival ?
Les salles ne peuvent pas encore être complètement remplies, car il reste à maintenir une distance entre les bulles de spectateurs tout comme le port du masque reste obligatoire. Une attention soutenue est également portée à la circulation des personnes à l’intérieur des bâtiments. Il y a donc toute une série de petites mesures, mais qui ne bloquent ni l’organisation d’un festival comme celui-ci, ni l’accueil d’un public relativement nombreux.
Combien de spectateurs le Royal Festival de Spa reçoit-il en deux semaines ?
Depuis quelques années, le festival rassemble plus de 10 000 spectateurs par édition. Mais, cette année, les jauges seront quand même un peu réduites par rapport à cette capacité maximale d’accueil.
Le Festival de Spa est l’occasion pour de nombreux artistes de montrer le fruit de leur travail au public, dont ils ont été privés pendant de nombreux mois en raison de la crise sanitaire.
Notre projet est bien celui-ci : créer des moments de rencontre. Les artistes sont dans le désir et le besoin de retrouver le chemin des plateaux, mais on a aussi senti que les spectateurs leur rendent bien, c’est-à-dire qu’ils ont répondu présents dès le moment où a été ouverte la billetterie. En tant qu’organisateurs, on sent que l’envie est forte de part et d’autre de se retrouver.
Théâtre, spectacles musicaux, cirque, théâtre visuel, humour, jeune public…, la programmation du festival se veut hétéroclite, avec, cette année, 21 spectacles rassemblant plus de 100 artistes.
Ce festival vise à inviter un public très diversifié, que ce soient des gens qui ont l’habitude de découvrir des spectacles de théâtre ou des familles qui viennent ensemble pour la première fois assister à un spectacle de cirque ou de rue. L’idée est que chacun puisse écrire son chemin au travers de ce paysage qu’on a dessiné, tout en sortant de son quotidien grâce aux émotions suscitées par le rire ou un récit. Puis, Spa (la ville vient d’être inscrite par l’Unesco sur la liste du patrimoine des grandes villes d’eaux d’Europe, NdlR) est une destination qui permet de passer une journée qui se clôture par un spectacle : c’est une façon de partir en vacances de manière simple et à portée de main.
Au départ décentralisation du Théâtre national (le festival a été créé en 1959), le Royal Festival de Spa vole depuis des années de ses propres ailes en proposant, entre autres, des créations. Il y en a quatre cet été (détails ci-contre). En quoi était-ce particulièrement important d’en présenter cette année ?
Avec la fermeture des théâtres, de nombreuses créations n'ont pas pu avoir lieu pendant la saison. Le Royal Festival est donc l'occasion de proposer à des artistes d'enfin sortir leur spectacle et de le mener à ce point de rencontre avec le public, ce qui est quand même leur but initial. On est donc très heureux d'accueillir quatre créations mais aussi des spectacles qui ont été créés cet été, en juillet, tels que Tina, magnifique spectacle de cirque par le Théâtre d'un jour ; Le départ des compagnies La Maison Éphémère et Pop Up ; et Notre-Dame de Paris de Thierry Debroux. Nous accueillons aussi l'incroyable spectacle Dimanche , qui aurait dû tourner pendant un an dans le monde entier, et qui se retrouve à Spa quasi en première représentation en dehors de Bruxelles cet été.
La nostalgie des blattes

Elles sont deux vieilles peaux, les "dernières vieilles authentiques" dans un monde devenu complètement aseptisé : ni blatte ni grain de poussière. Tout est zéro défaut, botoxé, lissé, gommé. Dinosaures d'un temps révolu, elles font l'objet de visites comme dans une foire aux monstres ou un musée. Mais, ce jour-là, aucun visiteur… Elles vont alors s'examiner l'une l'autre, se juger pour finalement se reconnaître et s'aimer. Écrit par Pierre Notte, le texte se veut drôle et poétique, brassant les thèmes de l'amour, la solitude, la décrépitude et la mort. Cette pièce réunit sur scène deux Julie : Julie Lenain (Théâtre en Liberté et Théâtre de la Chute) et Julie Duroisin (Galeries, Varia, TTO). C'est avec un besoin de s'accomplir en-dehors des sentiers battus que l'une et l'autre ont accepté de porter ce projet. Créé en 2020, il arrive enfin sur la scène de Spa.
De Pierre Notte, mis en scène par Hélène Theunissen. Les 10 et 11 août à 21 h au Théâtre Jacques Huisman.
Normal !

"Première comédienne handicapée de Belgique", comme elle se décrit, Karen De Paduwa raconte dans Normal ! certaines histoires de sa vie avec humour et émotion. Ce spectacle, un seul en scène, sur la différence, le courage et la tolérance cherche à "lever les barrières entre les gens dits 'normaux' et les 'mutants' (nains, géants, porteurs de trisomie 21…) qui peuvent devenir les 'super-héros' de nos vies à tous". Premier Prix du Conservatoire en 2002, Karen De Paduwa entame sa carrière de comédienne par un spectacle pour enfants qui l'emmènera en tournée pour 350 représentations en France, en Belgique et au Canada. Elle joue ensuite dans Phèdre, intègre un moment l'équipe du Grand Cactus, puis se glisse dans le rôle de Gelsomina, un seul en scène d'après le film La Strada de Fellini. Et, récemment, elle a participé au court-métrage de Loïc Nottet, Candy.
De Thierry Janssen, mis en scène par Gauthier Bourgois. Les 10 et 11 août à 18h30 au Salon bleu. Spectacle à partir de 10 ans.
Flash Party

Pendant toute cette année, nous avons été privés de fêtes. Alors, l'idée centrale de Flash Party est de les rattraper. "Entre baume au cœur et envolée joyeuse", ce spectacle se veut "en prise directe avec notre monde, avec la nécessité de se retrouver, de partager". Vecteurs de liens culturels, la musique et le chant agissent aujourd'hui, plus que jamais, comme des traits d'union. La compagnie Pop Up a donc imaginé un conte contemporain où le public retrouve l'ambiance de Noël, du Nouvel An, des anniversaires, des mariages… qui nous ont tant manqué. L'héroïne de Flash Party n'est pas épargnée par les embûches, mais, entre nostalgie et émotions, les fêtes reviennent toujours, fédératrices d'une énergie ludique et cathartique. Du jazz à la musique pop en passant par la chanson française, Flash Party promet d'être "un parcours coloré entre émotion, humour et énergie positive faisant appel à notre mémoire collective".
De Mireille Bailly, conçu et réalisé par Axel De Booseré et Maggy Jacot. Du 17 au 20 août à 18 h 30 dans le Salon bleu. À partir de 10 ans.
84 minutes d’amour avant l’apocalypse

Entre réalité et fiction. Pour leur nouvelle création, les Gens de bonne compagnie naviguent à nouveau entre réalité et fiction, jouant avec les codes du théâtre. 84 minutes d'amour avant l'apocalypse, c'est l'histoire de Simon, dont la dernière pièce de théâtre, une histoire d'amour, doit être envoyée dans quelques jours au metteur en scène. Mais, le souci, c'est que Simon n'a pas encore rédigé une ligne… Il cale. C'est qu'il n'est pas vraiment un expert en relations amoureuses. Oui, il y a bien Lucie, cette comédienne qui a interprété le rôle de Gertrude, la mère d'Hamlet, et l'a bouleversé, mais elle l'intimide. Mais "le hasard - ou le destin, ou une volonté supérieure, ou celui qui a écrit la pièce -" va le mettre nez à nez avec elle dans un ascenseur. Enfin, il ose l'aborder ! Le hic, c'est que ce n'est pas Lucie, mais Anna, sa sœur jumelle. Elle lui apprend que Lucie est morte noyée, comme l'Ophélie d'Hamlet. Simon va alors tenter de vivre, par la fiction, son histoire d'amour impossible avec Lucie.
De et avec Anne-Pascale Clairembourg, Emmanuel Dekoninck et Julie Duroisin. Les 18 et 19 août à 20 h 30 à la Salle des fêtes.