Quand Haendel rime avec top model

Brillante mise en scène d’un oratorio avec Bartoli et Carsen à l’affiche.

Nicolas Blanmont
Quand Haendel rime avec top model

Ils sont sept filles et sept garçons, 20 ans et beaux comme des dieux, arrivant dans un bus de luxe à Salzbourg. Ils participent à un concours télévisé de top models, devant un jury allégorique dont les visages et les voix sont connus : le Plaisir (Cecilia Bartoli, cheveux coupés court et tailleurs pantalons), le Temps (le ténor anglais Charles Workman, prêtre en soutane portée ouverte) et la Désillusion (le contreténor américain Lawrence Zazzo, look de producteur de TV tout en noir). Les caméras sont là et, quand les lettres "Appl aus " s'allument, le public un peu guindé du Festival de Salzbourg applaudit de bon cœur. C'est justement la fin de l'ouverture d'Il trionfo del tempo e del disinganno et la Beauté (la jeune soprano suisse Regula Mühlemann, ravissante comme il se doit) vient de remporter le titre de Salzbourg Top Model 2021. Toute la soirée, elle oscillera entre les encouragements du Plaisir (Bartoli, entre Anna Wintour et influenceuse) qui lui recommande de ne pas se soucier du temps qui passe et de s'adonner sans arrière-pensée à tous les plaisirs terrestres (alcool, drogue, musique et sexe) et, à l'opposé, les avertissements du Temps et de la Désillusion qui ne manquent pas une occasion de la rappeler à la réalité.

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