La Carrière, festival pointu à taille humaine
Organisé dans une petite vallée ardennaise, le petit événement musical revient pour une troisième édition.
- Publié le 11-08-2021 à 17h11
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"On ne va pas cracher dans la soupe : on a envie de jouer partout !", s'exclame Françoiz Breut à quelques jours de sa prochaine date en Belgique. Après de longs mois de privation scénique, la musicienne et autrice-compositrice entend bien profiter de toutes les opportunités qui se présenteront à elle, cet été, pour défendre l'album qu'elle a sorti il y a quelques mois.
Samedi, elle jouera donc, enfin, l'excellent Flux Flou de la Foule au festival La Carrière. Organisé, comme son nom l'indique, dans une ancienne carrière située près de Bioul, l'événement inauguré en 2018 mise sur un public restreint et un contact humain depuis ses débuts. Quelque 400 personnes rejoindront la petite centaine de bénévoles présente sur le site, et l'ensemble affiche désormais complet.
Une formule adaptée
Un rien malgré elle, voilà une formule qui s'avère gagnante en temps de Covid. Alors que les grands mastodontes estivaux ont dû proposer une version amenuisée de leurs événements pour respecter les mesures en vigueur (Couleur Café, Rock Werchter, Esperanzah !….), La Carrière, elle, n'a pas dû revoir ses plans. Même s'il sera demandé aux festivaliers de porter le masque et de respecter les distanciations sociales, puisque le "Covid Safe Ticket", qui permet de faire abstraction de ces mesures, n'entre en application que lorsque la jauge de 1500 personnes est dépassée. "Grâce à la très grande taille du site du festival, on est une dizaine de fois au-dessus de ce qui est demandé en matière d'espace pour les événements en extérieur" assure César Laloux, son coorganisateur. "On coche les bonnes cases. Après l'annulation de l'an passé, on voulait absolument qu'il y ait une édition cette année-ci".
Des événements à taille humaine
Les petits festivals semblent avoir le vent en poupe, depuis quelques années. Le Micro Festival vient d'attirer quelque 2 000 fêtards à Liège, Paradise City s'apprête à accueillir 10 000 festivaliers par jour tout au long du week-end. "Certains estiment qu'après la crise Covid, il va y avoir quelque chose de plus très naturel de rassembler 150 000 personnes dans un champ. Dans un avenir proche, les plus petits festivals, à taille humaine, risquent d'être privilégiés. Selon moi, il reste difficile de prédire ce qui va arriver", s'interroge l'initiateur du minifestival organisé dans le domaine de ses parents, avant un déménagement l'année prochaine.
Pour les quatre organisateurs de La Carrière, il s'agit avant tout de proposer une expérience plus confortable pour le public. "On ne veut pas que les festivaliers se sentent oppressés par le monde, qu'ils doivent faire la file partout ou qu'ils se sentent comme un numéro." Leur objectif n'est donc, pour le moment, pas de grandir. "Quand on regarde notre programmation, ce ne sont pas des têtes d'affiche qui vont amener beaucoup de monde. On est sur un festival quasi 100 % découverte, c'est pratiquement impossible d'attirer 3000 personnes." Au programme ce samedi : le quintet hollandais Lewsberg, le groupe amateur de shoegaze Endz ou encore la proposition électro des Hommes-Boîtes.
L'affiche se veut éclectique et pointue. "Pointu, finalement, ça veut dire que ce n'est pas super grand public. C'est agréable de voir qu'il y a des gens qui restent curieux de découvrir des choses encore confidentielles. C'est une bonne nouvelle qu'ils le soient restés après cette horrible année", soutient Françoiz Breut, installée à Bruxelles depuis 20 ans. "J'adore jouer dans des petits festivals. Je n'ai d'ailleurs plus trop l'habitude de jouer dans les grands. Je préfère être au plus proche des gens." Pour la première fois en live, elle proposera une version dépouillée, intimiste et en duo de ses créations, accompagnée du compositeur, producteur et claviériste Marc Mélia.