Les Nuits sonores s’offrent une quatrième édition bruxelloise
Bozar lance officiellement sa programmation 2021-2022. Les découvertes se mêlent aux superstars de la pop et du jazz. Dès ce mercredi, les Nuits sonores y prennent également leurs quartiers.
Publié le 06-10-2021 à 11h54 - Mis à jour le 06-10-2021 à 13h25
:focal(1271x890:1281x880)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/S6N6OUZHTRHD7IH6QDLJYRBZRI.jpg)
À peine arrivés sur place, on se frotte les yeux. En ce mois de juillet terriblement calme, dont les seules manifestations autorisées jusqu’à présent imposaient masque et distanciation, on peine encore à croire à un retour à la musique live telle que nous la connaissions auparavant. Ce 21 juillet, pourtant, c’est exactement ce qui se produit à Lyon (France), où les Nuits sonores ont fait le pari de réunir chaque jour 5 000 mélomanes durant une semaine, dans les immenses usines Fagor Brandt.
Dès le premier soir, tout y est : les barrières Nadar séparant les entrées, les basses sourdes et attirantes qui s’échappent de ces anciennes usines désaffectées, et surtout les hordes de jeunes gens libres, mouvants et ivres de beats, qui se collent pratiquement aux baffles pour optimiser l’expérience.
L'espace n'est évidemment pas rempli. "En temps normal, on compte quatre personnes au mètre carré", nous explique Baptiste Pinsard, l'un des programmateurs du festival qui mêle jazz, musique électronique, et tout ce que ces foisonnantes scènes musicales comptent de fusion et d'expérimentation. "Cette année, c'est l'inverse, on a quatre mètres carrés par personne", mais cela n'altère en rien l'ambiance. Très peu de personnes sont doublement vaccinées, tout le monde est testé, et voilà d'ores et déjà la vie sociale ressuscitée.
À Bruxelles, les scènes locales
Trois mois plus tard, le contexte est légèrement différent. Danser est à nouveau autorisé, les clubs européens ont pu ouvrir leurs portes, et voilà que ces Nuits sonores lyonnaises débarquent à Bruxelles pour célébrer les artistes locaux. Créé il y a vingt ans, le festival s’est doté d’un petit frère belge en 2017 pour une version prometteuse mais, initialement, moins aboutie que l’originale.
"Quand nous avons commencé, à Lyon, il nous a fallu beaucoup de temps pour nous approprier la ville, avoir la confiance des pouvoirs locaux, investir des lieux inédits comme ‘Le Sucre’ ou les anciennes usines Fagor Brandt, explique Baptiste Pinsard. L’ADN du festival repose sur le capital urbain, sa capacité à s’approprier une ville, et pas uniquement son patrimoine post-industriel. Il nous a fallu également un peu de temps pour bien comprendre Bruxelles, ses collectifs, sa diversité. Je pense que nous avions été un peu prétentieux en nous installant d’emblée au Palais 10 du Heysel."
Bozar, C12 et LaVallée
Exit l’Atomium. Dès la seconde année, les Nuits sonores ont délaissé l’artillerie lourde pour se rapprocher des acteurs locaux et investir des lieux plus créatifs ou originaux. Cette édition 2021 se déclinera donc, elle aussi, dans des endroits distincts et totalement différents : Bozar, le C12 et LaVallée. Du 6 au 10 octobre, le premier accueillera la performance très attendue de l’électronicien Max Cooper et du pianiste classique Bruce Brubaker, qui réinterprètent ensemble une partie du répertoire de Philip Glass, mais aussi les envolées jazz de la jeune Nala Sinephro, ou la rencontre du troisième type entre l’artiste visuelle Laure Prouvost et les musiciens inclassables que sont Flavien Berger et Lafawndha.
En bon temple techno, le C12 se chargera du volet festif. Deux soirées dansantes s’y tiendront ce vendredi et ce samedi, en prenant soin de proposer créations inédites et alliances d’un soir entre DJ. Les têtes d’affiche que sont Daniel Avery, Le Motel, Mika Oki ou encore Jass, ouvriront la voie aux stars de demain, dont le très remuant Strapontin, l’afrotechno de Rokia Bamba et la house de la jeune Bruxelloise Alia.
Ville et programmation cosmopolites
"Ce qui est singulier à Bruxelles, c'est la curiosité du public. On peut vraiment y programmer des artistes pointus. On a le sentiment que le public local est prêt à passer d'un artiste jazz, à une salle de techno industrielle, et une troisième proposant des choses plus expérimentales, poursuit le programmateur de ces Nuits sonores. C'est clairement la ville la plus cosmopolite d'Europe, on trouve énormément de collectifs d'origines et de genres variés qui peuvent programmer des soirées hyperdiversifiées, allant de la scène du Maghreb aux nouveautés venu d'Amérique latine."
Reste in fine à mentionner le forum : ce "European Lab" conçu pour proposer ateliers et conférences, autant destinés au grand public qu’aux professionnels du secteur, sur des thèmes aussi variés que l’immigration, la production, la gentrification, le futur de la musique, et la lutte contre les violences sexuelles.
--> Nuits sonores : du 6 au 10 octobre à Bozar, C12 et LaVallée. Billets : 16-26 euros. Infos : www.nuits-sonores.be