Rendre à César ce qui appartient à César
Ouverture d’une année de commémorations César Franck à Liège.
- Publié le 28-11-2021 à 16h19
Ambiance des grands jours jeudi soir à la Salle philharmonique de Liège. En direct devant les caméras de France (Mezzo et Medici TV) et les micros de Belgique (Musiq3), l’OPRL retrouvait une de ses symphonies préférées, et lançait en même temps une année de commémorations de son auteur : César Franck.
Certes, le plus Liégeois des compositeurs parisiens (même si Grétry pourrait prétendre aussi au titre) n’est né "que" le 10 décembre 1822 : il reste donc encore du temps pour souffler les bougies, et de l’eau coulera encore sous les ponts de la Meuse entre concerts, parutions discographiques, enregistrements, colloques et expositions prévus tout au long de la semaine prochaine. Mais rien de tel que la fameuse symphonie en ré mineur pour inaugurer les festivités : la phalange liégeoise l’a interprétée plus de cent fois, et l’a enregistrée à trois reprises - successivement avec Pierre Bartholomée, Louis Langrée et Christian Arming.
Lecture puissante
Les Liégeois connaissent la symphonie, leur public aussi. Mais, dans la lecture de Gergely Madaras, il y a encore des choses à découvrir : le chef hongrois exacerbe les contrastes, amplifie les références wagnériennes et transforme en véritables tourbillons les incessantes répétitions de thèmes. Une lecture puissante, pleine de souffle et de jeunesse, que l’OPRL partait dès le lendemain porter à Genève puis dans l’est de la France.
Il n’est pas prévu de réaliser avec Madaras un quatrième enregistrement de la symphonie, mais un coffret reprenant l’intégralité de l’œuvre pour orchestre de Franck en quatre CD est annoncé début 2022 chez Alpha. On y trouvera deux disques de rééditions (sous les baguettes de Christian Arming et François-Xavier Roth), mais aussi deux disques de nouveaux enregistrements : une nouvelle version du poème-symphonie "Psyché", la première au disque d’un morceau symphonique intitulé "Rédemption" (repris ensuite sous forme d’oratorio), le deuxième concerto pour piano, diverses variations ainsi que l’orchestration (par Gabriel Pierné) du célèbre "Prélude, choral et fugue".
En lever de rideau, les Liégeois avaient convié un invité qu’ils connaissent bien et qui s’embarquait également avec eux pour la tournée : Victor Julien-Laferrière. Le violoncelliste français avait déjà gravé avec Madaras et l’OPRL les concertos de Dvorak et Martinu. C’est le premier des deux qu’il jouait ici, avec ce qu’il faut de hardiesse et d’expressivité, mais aussi avec une générosité sincère et sans pathos excessif. L’ancien vainqueur de la première session de violoncelle du Concours Reine Élisabeth a en outre gardé et développé encore une sonorité somptueuse, qui fut prolongée dans un bis inattendu - une sérénade pour violoncelle seul de Hans Werner Henze.
>>> Programme complet du bicentenaire sur www.oprl.be